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Un Lipca Flexora II bien mal en point.

  • Photo du rédacteur: latelierdejp
    latelierdejp
  • 22 déc. 2024
  • 7 min de lecture

Recherche rapide :

Préambule.

Là, dans une caisse, entouré d’épaves, j’aperçois un petit TLR mal en point mais peut-être récupérable.

Je l’extirpe du tas et force est de constater qu’il va y avoir du boulot pour le remettre en état. Déjà, les panneaux du tunnel de visée sont en vrac et il en manque un. Mais bon, les objectifs bougent de manière fluide, les vitesses fonctionnent, le déclencheur itou, le dépoli est sale mais intact. Tout n’est pas à jeter.

Grosses palabres avec le vendeur et finalement je l’emmène pour 10€.

Voyons voir maintenant qui est ce TLR car je n’ai pas vu de marque, hormis un sigle mal visible à l’arrière, ce qui ne m’aide pas beaucoup. Reste les optiques, des Ennar, ce qui va peut-être me donner une piste.

Après quelques clics sur la Grande Toile, enfin j’ai trouvé : c’est un Lipca Flexora.

Un peu d’histoire.

Lipca est le diminutif de Lippische Kamerafabrik Richter und Fischer Gmbh, une société fondée en 1947 par les époux Fritz et Charlotte Richter et Karl Fischer à Bartrup, en Allemagne de l’Ouest. Quelques mois plus tôt, les époux Richter quittaient la zone soviétique de l’Allemagne occupée, avec une partie des employés et des machines de la Kamera-Werk C. Richter Tharandt (près de Dresde). Ils s’installent d’abord dans une ancienne usine de cigarettes avant de trouver un nouveau bâtiment.

Malheureusement, début 1948, Fritz Richter décède dans un accident de voiture alors qu’il se rendait à une réunion pour discuter de projets pour une autre usine d’appareils photo à Bünde.

La Lippischen Camerafabrik Richter & Fischer GmbH à Barntrup fut alors officiellement fondée le 14 mai 1948 par la veuve Charlotte Richter et Karl Fischer.

Au cours des années cinquante, Lippische fut un fabricant très actif dans la fabrication d’appareils bis-objectifs, quoiqu’ils n’aient pas produit beaucoup de modèles différents : le Flexo, le Rollop, le Flexora qui nous occupe et les Optina/Optimet. Comme souvent, une partie de la production se retrouve aussi sous le nom de distributeurs.

A côté des TLR, l’usine fabriquait aussi des jumelles, un projecteur de diapositives, le Lipcascop. Elle a aussi conclu des accord de licences avec d’autres entreprises et produit un appareil photo instantané, l’Opiphot. En outre, elle a produit environ 2000 appareils pour la société Plaubel, avec qui elle entretenait de bonnes relations.

On estime que la production culminait à 1000 boitiers mensuels, pour une usine d’environ 50 personnes. Une petite usine presque familiale car lorsque les salariés partaient en vacances, ils pouvaient emprunter un appareil de la gamme pour prendre leurs photos souvenirs.

Les exportations toucheront aussi les États-Unis avec notamment le Rollop, le plus perfectionné de leurs appareils.

En mars 1961, l’entreprise déménagea à Bad Nauheim et s’y enregistra sous le nom de « Lipca GmbH ». On y produisit encore quelques TLR Rollop mais la fabrication d’appareils photos cesse au milieu de 1962. La Lipca GmbH a été officiellement dissoute le 29 mars 1972.

Pour en revenir à l’appareil qui nous préoccupe, sachez que le Flexo sera produit dès 1948 et jusqu’en 1954, et que quatre versions vont se succéder. Ensuite, à cause d’un différent avec Franke & Heideck (Rollei), le nom devra être modifié et deviendra Flexora.

Pour mémoire, de nombreux aspects techniques du Flexo, et donc du Flexora, sont issus du Reflecta TLR, que Kamera-Werk (de Karl Fischer) a construit avant et juste après la seconde guerre mondiale.

Présentation de l’appareil.

Comme pour le Flexo, le Flexora sera décliné en plusieurs versions, somme toutes assez peu différentes les unes des autres, sauf sur des détails esthétiques ou par l’évolution des couples objectifs/obturateurs. La production s’est étalée de 1951 à 1954.

On peut classer les trois premiers types ainsi :

  • Type I, un objectif Enna Ennar de 75mm ouvrant à f4,5 dans un obturateur Vario.

  • Type II, un objectif Enna Ennar de 75mm ouvrant à f3,5 dans un obturateur Prontor-S.

  • Type III, un objectif Enna Ennagon de 75mm ouvrant à f3,5 dans un obturateur Prontor-S.

À partir de 1953, les types suivants ont été ajoutés :

  • Type IIa, un objectif Enna Ennar de 75mm ouvrant à f3,5 dans un obturateur Prontor-SV.

  • Type IIIa, un objectif Enna Ennagon de 75mm ouvrant à f3,5 dans un obturateur Prontor-SV.

Toutes les lentilles sont traitées, même si c’est léger et parfois abîmé par le temps et les frottements.

Ajoutons que les Flexo Richard et Richard Reflex sont des variantes des Flexora et Flexora II produite pour un distributeur Suisse en 1952.

Petite astuce amusante : il n’y a pas de compteur de vue pour le Flexora, sauf en … option. Celui-ci était livré par Plaubel.

Les Flexora sont moins sophistiqués que les Rollop de la marque mais ils sont bien construits, faits pour durer.

En l’occurrence, nous allons découvrir l’appareil du jour, un Flexorat II, produit autour des années 1952.

Signalons une particularité qui me faisait penser à un autre appareil, déjà évoqué sur le site, le Meopta Flexaret : il dispose d’un système de mise au point hélicoïdale actionné par un levier sous l’objectif et c’est tout le bloc optique qui avance ou recule. La platine est interne. Comme l’objectif de visée et celui de prise de vue sont identiques, l’image projetée sur le dépoli est aisément lisible.

Normalement, la cheminée qui sert à la visée comporte 4 plaques, qui se déplient ou se replient automatiquement. Sur mon exemplaire, hélas, le fronton qui porte la marque de l’appareil a disparu et le chapeau du viseur aussi, tout comme la loupe qui y est souvent attachée. Je vais tenter de restaurer la plaque manquante mais il n’y aura plus de loupe, ni fronton, sauf à trouver une épave donneuse.

Avez-vous remarqué la barre métallique glissée dans le bloc avant ? C’est le viseur dit sportif, un simple fil de fer épais et chromé qui donne une idée vague de ce que l’on regarde.

Une petite remarque encore : les distances sont soit en mètres, comme ici, soit en pieds, exportation oblige.

Ensuite, pour armer l’appareil, il faut d’abord abaisser un levier, qui arme l’obturateur, puis ensuite un second, un peu plus bas, qui actionne le déclenchement. Attention, l’appareil n’a pas de dispositif pour empêcher la double exposition. Donc, si vous oubliez de tourner la molette d’avance du film, surprise !

Comme il n’y a pas non plus de compteur – sauf si la personne qui a acquis en son temps le boitier a pris l’option de Plaubel – il faut vous fiez à la fenêtre en rouge, au dos de l’appareil. Elle est munie d’un volet de protection, toujours utile si vous posez l’appareil au soleil.

Le réglage de la vitesse s’effectue par la rotation du disque autour de l’objectif de prise de vue. Celles-ci vont de 1/10s à 1/300s plus une pose B. Les vitesses ne sont pas linéaires mais proposent la progression suivante : 1 – 2 – 5 – 10 – 25 – 50 – 100 – 300. Pour mémoire, l’obturateur est un Prontor S. On a connu pire !

Au fait, il y a aussi un retardateur (la tirette avec un point rouge, à gauche face à l’objectif) qu’il faut toujours armer quand et seulement si l’obturateur est armé, sinon, on bloque tout et risque de case. En outre, juste au dessus du déclencheur vous pourrez insérer un déclencheur filaire, à viser.

Les ouvertures se règlent enfin en faisant glisser un curseur, en dessous de l’objectif de prise de vue. Elles vont de f3,5 à f25, en tout cas ici, avec un objectif Ennar de 75mm. Le C en rouge sur le pourtour de l’optique signifie qu’il est traité (C=colored). La progression des ouvertures est un modèle ancien, qui se décline en fait ainsi : f/3,5, f/4,5, f/6,3, f/9, f/12, f/18 et f/25

S’ils sont moins connus que d’autres, les objectifs Enna ont très bonne réputation. A vous de le découvrir à l’usage.

Pour charger un film dans l’appareil, il faut faire jouer le ressort en dessous, qui libère la porte du dos, montée sur charnière. Comme d’habitude, on tire sur le bouton d’avance et ici on retire tout le bloc de la chambre, comme sur les anciens box. Le film est le 120 qui donnera des images en 6x6cm

Ai-je oublié quelque chose ?

Ah oui, outre le fait qu’on puisse le qualifier de la mouvance art déco avec son décor autour de l’objectif, il y a un filet pour fixer l’appareil sur un trépied, une prise pour un flash en façade (mais pas de griffe). Et un guide d’exposition sur la plaque arrière du tunnel de visée.

Un mot d’ailleurs à son sujet. Il est basé sur la règle du sunny 16 mais il a été pensé pour des films beaucoup plus lents que de nos jours (faible valeur Iso). Cependant, le film est plus indulgent qu’un capteur et il vous donnera encore de bons résultats s’il est surexposé de 2 ou 3 valeurs, ou sous exposé d’une.

En cas de doute, rien ne vous empêche d’utiliser une cellule à mains.

Qu’en penser ?

Le Flexora II n’est pas un appareil courant, même s’il n’est pas rare. Il est somme toute assez basique mais idéal, me semble-t-il, pour aborder le moyen format sans se ruiner et en offrant de bons résultats. Encore une fois, les optiques sont bonnes et l’obturateur est l’infatigable Prontor S que l’on retrouve aussi chez Zeiss Ikon, par exemple.

Des exemples de photos prises avec ce Flexora ICI achèveront de vous convaincre je pense.

Plus solide qu’un Lubitel en bakélite, il vous offrira une belle expérience de prise de vue sans mettre à mal votre portefeuille, et de nos jours, c’est appréciable.

Il n’est vraiment pas compliqué à utiliser et vous vous prendrez vite au jeu de le sortir souvent car il est compact et pas trop lourd pour un TLR.

Que demander de plus ?

Ah, son prix ? Comptez environ 90 à 100€ pour un exemplaire complet et fonctionnel. Ça vous laisse de la marge pour acheter des films.

Videos d’illustration

Une petite pub d’époque (merci Collection-appareils.fr)

Des données techniques.

Fabricant: Lipca Produit en 1951 Classement : Moyen Format Type de corps : Reflex à double objectif Construction : Métal Type de film : 120 Largeur du film : 62 mm Taille de l’image : 6 x 6 cm. Nombre d’images : 12 Type d’objectif : Ennar Distance focale : 75mm Type de mise au point : Variable Portée focale : 1m – infini. Type d’ouverture : Iris Ouvertures :f/3,5 – f/25 Type d’obturateur : Prontor S. Vitesses d’obturation : T, B, I (1/300 s à 1 s) Taille du viseur ouvert (l x h x p) : 88 x 180 x 100 mm Taille du viseur fermé (l x h x p) : 88 x 135 x 100 mm Poids: 720g

Des références

 
 
 

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