top of page

Rolleicord Va modèle 2

  • Photo du rédacteur: latelierdejp
    latelierdejp
  • 6 déc. 2023
  • 9 min de lecture

Je crois que tout le monde connait le Rolleiflex, en tout cas pour peu que l’on s’intéresse à la chose photographique.

Synonyme d’excellence et de précision, ils ont toujours été chers et essentiellement destinés aux professionnels. Même encore de nos jours, en occasion, ils restent assez inabordables pour qui veut tenter l’aventure du 6×6.

Conscient que dès lors Rollei perdait une partie de clientèle, la marque décida de rendre plus accessible le principe du TLR (twin lens reflex ou reflex bis-objectifs) en simplifiant son best-seller afin de le rendre plus accessible et ils créèrent le Rolleicord.

Je n’aime pas le principe des appellations comme « le Rolleiflex du pauvre » que l’on attribue au Rolleicord. Expression « le xxxx du pauvre » est bien souvent assorties à des appareils d’excellente qualité mais qui ont le bon goût d’offrir celle-ci à des prix décents. Quelques journalistes en mal d’inspiration ont ainsi traité le Canonet 17 QL III ou les Electro 35 Gsn en référence au Leica. Quelle absurdité !

Bref, les modèles proposés sous la dénomination Rolleicord ont évolué avec le temps et les tous derniers, ceux de la série V notamment, possédaient les mêmes standards de fabrication et s’approchaient de la qualité optique du Rolleiflex. Seule l’utilisation restait un peu différente, avec notamment l’absence d’une manivelle du film couplée à l’armement de l’obturateur. À la place, on trouve une manipulation en deux temps : on fait bouger le film avec un bouton, puis on arme l’obturateur avec une manette dédiée. Rien de rédhibitoire, vous en conviendrez.

Petit tour historique pour situer la firme Rollei : elle est fondée par Paul Franke et Reinhold Heidecke à Brunswick (Allemagne) en 1920. D’abord sous l’appellation Werkstatt für Feinmechanik und Optik – Franke und Heidecke (Atelier de mécanique de précision et d’optique – Franke et Heidecke). Elle deviendra la Rolleiwerke Franke & Heidecke en 1962, puis Rollei-Werke Franke & Heidecke GmbH en 1972, Rollei-Werke Franke & Heidecke GmbH & Co. KG en 1979 et Rollei Fototechnic GmbH & Co. KG en 1981. Elle existe toujours de nos jours et fabrique encore des appareils photographique et d’optique ainsi que des accessoires.

En ce qui concerne le Rolleicord, l’aventure commence en 1933 avec le Rolleicord I et se termine en 1977 avec le Rolleicord Vb. Bel exemple de longévité.

Le premier Rolleicord était une version simplifiée du Rolleiflex standard, avec un objectif Zeiss Triotar 75 mm moins cher et un mécanisme d’avance de film simplifié utilisant un bouton au lieu de la manivelle du Rolleiflex. Habituellement recouvert d’un simili-cuir noir, il a aussi existé avec des plaques métalliques qui ont donné une variante appelée « Art Déco » du plus bel effet.

Au fil du temps, les objectifs seront améliorés avec, par exemple un Schneider Kreuznach Xenar à 4 éléments (qui seront aussi proposé sur les Rolleiflex). Mais si l’objectif le plus lumineux était un f2,8 chez Rolleiflex, il ne sera jamais plus ouvert que f3,5 chez Rolleicord, il fallait bien garder une différence entre les « pro » et les amateurs.

Ceci étant, ils partageaient quelques accessoires, comme le Rolleikin, un dispositif pour mettre du film 135 dans un 6×6.

Mais venons-en à notre Rolleicord Va modèle 2, qui a fait partie de la collection que je vous ai présentée.

Il faut d’abord établir les deux points qui sont les différences fondamentales entre le Rolleicord et le Rolleiflex :

  • la manivelle d’avancement du film et d’armement de l’obturateur : elle est la « signature » d’un Rolleiflex. D’un mécanisme complexe et donc cher, elle ne sera jamais montée sur un Rolleicord, qui héritera d’un bouton pour avancer le film et d’un système différent pour armer.

  • le déclencheur : sur le Rolleiflex, c’est un bouton sur lequel on pousse, situé en bas à droite de la face avant (vu de face) tandis que sur le Rolleicord, c’est un petit bouton, situé à gauche, sur lequel on pousse d’un côté pour armer l’obturateur et de l’autre côté pour déclencher.

Cet appareil est dans les derniers de la série des Rolleicord, qui se termine en 1977. Celui-ci sera produit de mars 1958 à janvier 1961, à 37.000 exemplaires. Je ne vais pour vous faire la liste de toutes les versions, que vous trouverez LA, réunie par des passionnés de la marque, mais vous vous doutez bien qu’entre 1933 et 1977 il y en eut quelques uns.

Arrêtons-nous sur cette dernière série de Rolleicord, la série V.

Il y eut un Rolleicord V, produit de 1954 à 1957, puis un Va de 1957 à 1961 et enfin le Vb de 1962 à 1977.

Si ce dernier est le plus perfectionné, c’est aussi un appareil qui arrive à un moment où les bis-objectifs sont en perte de vitesse, en tout cas chez les professionnels, qui préfèrent maintenant la souplesse des reflex et leur polyvalence, tout comme leur parc optique conséquent.

Destinée aux amateurs, la gamme fut discontinuée alors que celle des professionnels (le Rolleiflex) a perduré jusqu’en 2002 (le Rolleiflex 2.8GX) et qu’elle existe toujours (Rolleiflex 4,0 FW depuis 2006).

Mais commençons par les présentations : le Rolleicord est donc un TLR, soit un « twin lens reflex » ou, dans la langue de Voltaire, un reflex bis-objectifs.

De fait, les 2 objectifs sont positionnés l’un au dessus de l’autre. Le premier ne sert qu’à la visée, le second à la prise de vue. Une chambre noire unique recueille les rayons lumineux pour imprimer le film. La visée se fait par le dessus de l’appareil, via une espèce de tunnel qui se replie ensuite.

Vous visez sur un large dépoli, pas toujours très lumineux mais généralement quadrillé et muni d’une loupe, pour les mises au point très précises.

Vous ne regardez donc pas directement votre sujet, la tête penchée sur votre écran, ce qui donne ce que certain appelle une « posture d’humilité » (Robert Doisneau), peut-être moins agressive que le photographe qui vous vise à travers le gros œil rond de son objectif.

Comme pour tous ces appareils, il faut ouvrir le dos de ce dernier pour y insérer un film en rouleau, appelé 120. Comme cet appareil donne des négatifs de 6x6cm, vous pourrez faire 12 photos sur un rouleau.

Oui, c’est peu mais ça vous oblige à penser vos images, à prendre le temps.

Et si vous avez encore des doutes, voyez cette petite video :

Vous voyez, ce n’est pas si compliqué et avec un peu d’entrainement vous y arriverez facilement.

Bon, vous avez installé une pellicule dans la chambre et l’appareil est prêt pour votre première photo. Holà, pas de précipitation, il vous faut régler sur la plaque mémo le type de sensibilité de votre film. Notez que c’est juste pour votre confort, notamment en cas d’utilisation d’une cellule à main qu’il faut calibrer car l’appareil n’a pas de cellule intégrée.

Quoiqu’il ait existé un « Rolleilux », un posemètre indépendant qui se fixe sur le pare-soleil.

Notez que le constructeur a prévu un tableau, au dos de l’appareil, qui reprend la majorité des cas de figures des prises de vue .

Un condensé fort bien fait des conditions de lumière et d’ouverture.

Vous avez noté que je n’ai pas fait mention des vitesses. En effet, avec cet appareil, on travaille avec des valeurs EV qui permettent de régler un couple vitesse/ouverture.

Un même nombre EV (indice de lumination – vous trouverez les explications de ce principe ICI) correspond à plusieurs couples Vitesse d’obturation / Ouverture de diaphragme équivalents. Par exemple le nombre 13 correspond au couple f/8 à 1/125 s, mais aussi au couple f/5,6 à 1/250 s ou encore au couple f/11 à 1/60 s. Les combinaisons de paramètres défilent dans les deux petites fenêtres f et t.

Bien évidemment, vous pouvez vous affranchir de ces propositions et ne juger que sur les valeurs de votre cellule à main ou votre expérience. Il vous faut alors débrayer les deux petites tirettes en appuyant dessus et en les faisant bouger.

Je pense que bien souvent, les photographes préréglaient leurs temps de pose. Petit exemple de ceux-ci :

Quand j’écrivais que les anciens modes d’emploi étaient utiles !

Ceci étant, l’obturateur est un Deckel Synchro-Compur MXV/CR00 qui propose des vitesses de 1s à 1/500s plus pose B, un retardateur V (10 secondes) et synchro X – flash électronique(à toutes les vitesses) et M – flash à ampoule (1/30s). C’est un obturateur qui sera proposé aussi sur les Rolleiflex.

Autre astuce bien présentée dans le mode d’emploi, la présélection de la profondeur de champ.

Franchement, pourquoi acheter un bouquin qui explique la technique ? Vous l’avez en termes simples et bien concrets ici.

Ceci étant, mais c’est moi que ça dérange, je n’aime pas la molette de réglage située à gauche. Ce n’est pas ma main directrice et j’ai quelques difficultés de manipulation.

Allez, on résume : vous avez mis un film dans la chambre, noté sa sensibilité, compris comment fonctionnait la sélection vitesse/ouverture, réglé votre profondeur de champ. Il ne vous reste plus qu’à faire la photo !

Dernière petite manipulation :

Si vous vous souvenez de ce que j’écrivais plus haut, contrairement au Rolleiflex, le fait de tourner le bouton d’avance du film n’arme pas l’obturateur. Vous devez donc le faire manuellement comme expliqué ci-dessus.

Vous avouerez qu’il n’y a là rien de compliqué, juste une petite manœuvre supplémentaire. Et je vous avouerai que je l’aime bien cette petite manœuvre en plus, elle me rappelle celle nécessaire pour prendre une photo avec les foldings (appareils à soufflet).

Ah, le plaisir du bruit de cet appareil quand il déclenche …

Bon, vous avez pris votre première photo, passons à la prise de vue suivante : ne pas oublier de réarmer en tournant le gros bouton à droite, jusqu’à arriver en butée. Vous verrez le chiffre du compteur s’incrémenter d’une vue.

Petit arrêt ici car cet appareil, je vous l’ai écris, était l’un des plus sophistiqué de la série de Rolleicord.

Tout d’abord, vous pouvez introduire dans la chambre un film 135 (bon, je ne vois pas trop l’intérêt de la chose, mais les goûts et les couleurs …) ou des plaques, voire des plans-films, moyennant bien sûr des adaptateurs. Ce qui vous donne finalement un appareil très polyvalent.

Quelques manipulations sont nécessaires, tant pour ajouter des caches dans le viseur que dans la chambre, et jusqu’au compteur, qui devra tenir compte du nombre plus élevé de prises de vue avec les films autres que le 120 classique (je vous renvoie au mode d’emploi ci-dessous).

La force de ces appareils tient aussi au nombre important de compléments : que ce soit des filtres, des compléments optiques, des pare-soleil, des étuis plus ou moins sophistiqués, des accessoires pour flashs ou cellule, etc.

Et comme il est parfois difficile de s’y retrouver dans les références, je vous livre ici celles que j’ai trouvées. Elles pourraient vous aider dans vos recherches de ces accessoires.

Alors, vous avez encore l’impression que c’est un appareil « au rabais » ?

Finalement, outre la simplification de son système de bobinage et d’armement, qui nécessite moins de pièces et de mécanisme précis, la seule autre chose qui différencie cet appareil du Rolleiflex, c’est le choix des objectifs.

Celui-ci est équipé d’un double objectif : celui du dessus, qui ne sert qu’à la visée, est un Heidosmat de 75mm ouvrant à f3,2 tandis que l’objectif qui prendra la photo est un Schneider Kreuznach Xenar ouvrant à f3,5. Il est construit sur un schéma Tessar.

Pourquoi une différence entre les 2 ? Celui de la visée ouvra plus grand pour faciliter la prise de vue en offrant une meilleure luminosité dans le tunnel de visée, qui reste quand même toujours un peu sombre. Quoique …

Des différents auteurs que j’ai consultés pour écrire cet article, il ressort que le Xenar serait très bon à partir de f8 et au-delà, offrant une foule de détails sur le grand négatif 6×6. Il n’a donc pas à rougir encore une fois face au Rolleiflex, qui en sera d’ailleurs pourvu pour les modèles « d’entrée de gamme ».

Ai-je oublié quelque chose à son sujet ?

J’ai brièvement écris sur le flash mais vous pouvez voir sur les photos qu’il n’y a pas de griffe porte-accessoires. Alors c’était soit un complément à fixer sur l’objectif du haut, soit une plaque à viser par dessous qui portait le flash. Un câble relie alors ce dernier à l’appareil.

Vous aurez pu apercevoir aussi sur les photos un gros point rouge : en fait c’est un mécanisme pour empêcher les surimpressions : si le point est visible c’est que le risque existe car le système n’est pas verrouillé.

Peut-être encore un dernier mot du « sac tout prêt » du Rolleicord. Tout en cuir, il respire la solidité et il est vraiment bien pensé pour protéger le boitier. Je vous avoue qu’en découvrant ce type de TLR j’ai été tenté d’écrire un article uniquement sur ces sacs, tellement certains sont astucieux. Un jour peut-être …

Voilà, je pense avoir fait le tour de l’engin et, surtout, vous avoir donné envie de le découvrir vous aussi.

Car il reste une question : vaut-il mieux se payer un Rolleiflex plus ancien (et plus abordable) ou prendre un Rolleicord plus récent au même prix ?

Faisant fi de tout snobisme déplacé ma réponse est sans équivoque : je prends le Rolleicord.

Vous avez pu lire ses qualités, il vous reste maintenant à le tester par vous-même.

Ah, dernière chose et pas la moindre : le prix ?

Pour un boitier en très bon état avec sa gaine, comptez environ 520€ soit près de la moitié d’un Rolleiflex. De quoi réfléchir …

Pour avoir les deux, j’écris sans ambiguïté que le Rolleicord est un excellent appareil, moins « glamour » que le Rolleiflex (parce qu’il n’a pas la même légende autour de lui) mais tout aussi performant et bien plus accessible.

L’essayer, c’est l’adopter.

Videos d’illustration

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

Des références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rolleicord, https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-2055-Rollei_Rolleicord%20Vb.html, https://www.suaudeau.eu/memo/collection/mformat/Rolleicord_Va.html, https://galerie-photo.com/rolleiflex-image.html en français; https://en.wikipedia.org/wiki/Rolleicord, http://www.rolleiclub.com/, https://antiquecameras.net/rolleicords.html, https://rolleigraphy.eu/servicerepairs.php (pour les réparations), http://www.rolleiclub.com/cameras/tlr/info/rolleicord.shtml, https://emulsive.org/reviews/camera-reviews/rollei-camera-reviews/camera-review-me-and-my-rolleicord-vb-by-shawn-mozmode, https://www.filmisundead.com/test-du-rolleicord-rollei/, https://twinlensreflex.eu/sncord.php, https://vintage-photo.nl/live-long-and-prosper-rolleicord/, https://50mmf2.com/writings/rolleicord-v-with-schneider-kreuznach-xenar-75mm-f3.5-review, http://rolleiclub.com/cameras/tlr/info/serial_numbers.shtml (pour les numéros de série) http://camera-wiki.org/wiki/Rolleicord_Va, https://twinlensreflex.eu/sncord.php, https://twinlensreflex.eu/sncord.php#rc5a, en anglais;

 
 
 

Posts récents

Voir tout
Où sont les jeunes ?

<p>Acheter un appareil argentique et éviter les galères . Facile, il suffit de parcourir les bourses, les foires, les manifestations dédiées. Vous aurez les conseils, le droit de toucher et manipuler

 
 
 

Comments


​© 2023 par VIE URBAINE. Créé avec Wix.com

LatelierdeJP© Copyright
  • Flickr Icône sociale
bottom of page