Le Yashica Lynx 5000
- latelierdejp
- 3 juin 2024
- 6 min de lecture
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Préambule.
Comme d’habitude, c’est sur une brocante que j’ai trouvé ce Lynx 5000. Et pourtant j’ai hésité à le prendre car il était sale, les cuirettes étaient décollées devant, la porte de la pile manquait.
Juste de quoi ne pas tout à fait me décourager car dans le creux de ma mémoire fatiguée (nous nous étions levés tôt), je savais que j’en avais un autre exemplaire, clairement destiné à servir de donneur (électronique cuite par la pile qui avait coulé et mangé les fils).
Une bonne négociation plus tard, il va dans le sac à dos. Où il sera bien seul quasi toute la brocante car il n’y eut pas grand chose d’autre à se mettre sous la main.
J’ai déjà abordé le Lynx, avec le modèle Lynx 5000E, que je vous encourage à lire, bien évidemment.
Un peu d’histoire.
Pour ceux qui feront l’impasse sur cet excellent article pré-cité (c’est bon de temps en temps de s’ auto-congratuler), je résume.
Au début, il y eut le Yashica 35 (1958), suivi par un Yashica YL (1959), puis un Yashica M ou Minister (1960). Pendant cette année-là, Yashica ajoute une gamme d’appareils à ceux existant, ce sont les Lynx. D’abord un Lynx 1000 (1960 donc) puis un Lynx 5000 (1962, excellente année).
Pour terminer la saga, la marque sortira un Lynx 14 en 1965 et enfin un Lynx 5000E et 14E, le plus sophistiqué de la bande (1969).
Contrairement aux autres Yashica, les Lynx n’ont pas d’automatismes : ils étaient destinés à une clientèle exigeante, qui voulait pouvoir tout contrôler dans leur prise de vue. Ici, il faut maitriser le triangle d’exposition pour en tirer le meilleur.
Car ces appareils offrent le mieux de l’époque : télémètre couplé avec cadre et correction de la parallaxe, obturateur Copal SV logé au centre de l’objectif (aucune vibration à déplorer), un objectif fixe de 45mm de très bonne qualité ouvrant à f1,8, une vitesse d’obturation de 1s à 1/1000s (plus pose B), une sensibilité Iso de 10 à 800, une cellule au CdS (avec une pile donc), une synchro flash à toutes les vitesses.
Que demander de plus ?
Présentation du Yashica Lynx 5000.
Si vous avez suivi, le premier Lynx fut le 1000, qui a été introduit en 1960. Son objectif, un Yashinon, est un 45mm ouvrant de f1,8 jusque f22 (6 éléments répartis en 4 groupes). La mise au point minimale va de 80 centimètres jusque l’infini. Il accepte des filtres à visser de 46 mm ou un pare-soleil pliable en caoutchouc de 54 mm.
Pourquoi « Lynx » ? Parce que son obturateur à diaphragme (dit aussi « à feuilles » est capable d’une vitesse maximale de 1/1000 seconde, beaucoup plus rapide que la plupart des concurrents et même de certains reflex de l’époque.
Tout manuel, il possède une cellule au sélénium située derrière un réseau de lentilles (nid d’abeille), qui alimente un galvanomètre (ce qui fait bouger l’aiguille de la cellule). La sensibilité du film peut être réglée entre 10 et 800 ASA.
Le Lynx 5000, qui a été introduit en 1962, est une mise à niveau du Lynx 1000 : la cellule photovoltaïque au sélénium est remplacée par une photorésistance au sulfure de cadmium (CdS), nécessitant une pile au mercure pour alimenter le posemètre.

Tous deux proposent une fonction particulière, qui fonctionne comme un mode d’exposition mécanique à priorité vitesse. En fait, lorsque vous tournez la bague des vitesses, celle du réglage de l’ouverture tourne en même temps. Vous gardez alors la réciprocité ouverture/vitesse lorsque vous modifiez la vitesse.
De fait, l’ouverture et la vitesse d’obturation sont semi-couplées sur le barillet de l’objectif, ce qui donne lieu à une fonctionnalité intéressante : une fois que vous avez sélectionné une combinaison d’ouverture et de diaphragme, tourner la bague d’obturation fait également tourner la bague d’ouverture, de sorte que votre exposition reste constante, seule votre profondeur de champ change.
Il est possible de s’affranchir de cette aide en faisant tourner seulement la bague des ouvertures. Ça peut avoir l’air compliqué, au début, mais on s’y fait vite.
Une autre caractéristique des Lynx, c’est leur système de mesure de la lumière.
Généralement, les autres boitiers utilisaient un trou de taille variable au dessus de la cellule au CdS afin de faire varier la quantité de lumière « vue » par la cellule.
Sur les Lynx, c’est un système qui fait varier la résistance du circuit grâce à une bande de carbone montée autour du barillet d’objectif (à l’intérieur). En faisant tourner la bague des ouvertures ou en modifiant le réglage des Asa/Iso, la « brosse de lecture » se déplace le long de la bande de carbone, faisant varier la résistance du circuit et donc la quantité de courant arrivant au posemètre.
Si la précision semble meilleure par cette technique, à l’usage (intensif), elle pourrait se fausser de 1 à 2 stop à cause de l’usure de la bande au carbone. A vérifier avec une cellule à main si l’exemplaire convoité à l’air d’avoir beaucoup servi.
Autre (petit) inconvénient, la cellule n’est pas montée sur l’objectif mais sur le boitier. Autrement dit, si vous utilisez un filtre vous devez en tenir compte lors du réglage de l’exposition.
Enfin, de par sa position au dessus d’un objectif chromé, sachez que la cellule au CdS peut capter la lumière réfléchie par le barillet en plein soleil et entrainer une sous-exposition en lisant la mesure donnée. Fiez-vous à votre expérience plutôt qu’à la cellule, aveuglément.
Si le 5000 change de cellule, il garde l’excellent obturateur Copal SV dit « à feuille » qui lui donne toujours des valeurs de 1s au 1/1000s, plus pose B, retardateur (+/-10s) et synchro flash à toutes les vitesses (M ou X avec câble car il n’y a pas de contact sur la griffe). Il ne donne aucune vibration et est extrêmement silencieux. Que demander de plus ?
Il garde encore le déjà excellent objectif de 45mm ouvrant à f1,8 jusque f22 qui compte 6 éléments en 4 groupes (il passera à 7 éléments en 5 groupes avec le redoutable f1,4 du Lynx 14 et 14E). Ce Yashinon a d’ailleurs une excellente réputation. Vous pourrez voir des exemples de photos prises avec cet appareil ICI.
Le viseur possède un cadre brillant et très clair, qui se déplace en fonction du réglage de la distance de mise au point, de sorte que lorsque vous visez en ajustant la distance, vous voyez l’image du télémètre varier et le cadre bouger.

Au centre, un « patch » jaune, bien visible, qui aide à l’ajustement de la mise au point du télémètre à coïncidence.
Sur le capot, un gros verre surmonte un cadre séparé par un trait et deux mots : under et over. C’est l’aiguille de la cellule, que vous activez en appuyant sur le bouton chromé en façade, qui indique si vous êtes en sous ou sur-exposition.

Pour rappel, la cellule fonctionne avec une pile, à l’origine une PX625 au mercure de 1,35v, introuvable de nos jours. Vous pouvez la remplacer par une PX625A (alcaline) mais elle indique 1,5v. Il faut donc compenser en jouant soit avec la sensibilité Asa soit en modifiant l’ouverture. Le plus simple serait encore de mettre un adaptateur avec une pile zinc-air qui offre le même voltage (mais s’épuise assez vite. Ce sont les piles que l’on utilise pour les appareils auditifs).
Que reste-t-il à découvrir ? Ah oui, pour ouvrir le dos, n’essayer pas d’arracher la manivelle de rembobinage. Il faut faire glisser et appuyer sur un petit bouton en dessous de l’appareil. C’est aussi sur la semelle que se trouve le bouton pour débrayer l’appareil afin de pouvoir rembobiner le film en fin de course.
J’en profite pour parler du compteur de vue, près de déclencheur, qui se remet à zéro dès que le dos s’ouvre.
Que penser de ce Yashica Lynx 5000 ?
Personnellement, vous le savez, j’aime bien ce type d’engin (s’il avait été tout noir ce serait parfait, mais ça n’existe pas). On les a bien en mains même ou grâce à leur 750gr. Ils sont stables et faciles à manipuler.
Si la cellule n’en est pas encore aux cellules les plus performantes, elle donne une juste indication mais, encore une fois, avec ce type d’appareil, destiné notamment à la photo de rue, où il excelle, vous pré-réglerez pas mal de paramètres (vitesse, ouverture, zone focus) et donc la cellule n’est pas indispensable. Par contre, le fait que vous puissiez tout contrôler est un vrai plus.
Les Lynx sont moins courants que les Electro 35 et pourtant, ils ne manquent pas d’attraits. Si vous voulez sortir des sentiers battus, c’est un excellent choix.
Son prix devrait se négocier autour des 40€ pour un très bel exemplaire. A cela vous ajouterez une bonne sangle de cou pour le garder confortable et … allez arpenter les rues.
Bonnes photos !
Videos d’illusration.
Un peu de technique
Produit en 1962 par Yashica Co., Ltd. Japon
Type de film 135 (35 mm)
Taille de l’image 24 mm x 36 mm
Poids 742gr
Objectif Yashinon 45mm f1.8 – f22 (7 éléments en 5 groupes)
Plage focale de 0,8 m à l’infini
Taille du filtre 52 mm
Obturateur Copal-SV
Vitesses d’obturation B, 1s -1/1000
Télémètre à correction de parallaxe dans le viseur
Posemètre monté sur le boitier au CdS
Pile d’origine 1.3v mercure PX625 (posemètre uniquement) à remplacer par un PX625A
Synchronisation PC et griffe porte-accessoire
Retardateur
Des références.
https://www.flickr.com/photos/28796087@N02/4266420411, https://pheugo.com/cameras/index.php?page=lynx5000 (une mine de renseignements, y compris pour certains dépannages), http://www.yashica-guy.com/document/chrono2.html, https://www.dpreview.com/galleries/0132358891/photos/930643, https://dustygrain.com/yashica-lynx-5000-review/, https://mattsclassiccameras.com/rangefinders-compacts/yashica-lynx-5000/, http://www.yashica-guy.com/document/lynxfix.html (pour les réparations) en anglais ; https://www.suaudeau.eu/memo/collection/Tlmfx/yl5.html, https://www.philcameras.be/yashica/, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-1373-Yashica_Lynx%205000.html en français.
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