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Le Yashica Flex S

  • Photo du rédacteur: latelierdejp
    latelierdejp
  • 21 déc. 2024
  • 8 min de lecture

Recherche rapide :.

Préambule.

Cet appareil fait partie de ceux ayant appartenu à la personne à laquelle j’ai consacré un article.

En fait , dans cette collection, j’ai acheté plusieurs TLR (twin lens reflex ou appareils à double objectifs) et il y avait deux Yashica Flex.

Si l’un est en parfait état, le second accuse moins bien le poids des ans et sans doute les mauvais traitements que lui ont fait subir les propriétaires précédents, avant d’arriver à l’achat par notre collectionneur.

Un article spécifique sera consacré à la restauration de ce boitier.

Mais venons-en à ce Yashica Flex S.

Un peu d’histoire (et de géographie).

La marque Yashica a une histoire peu commune, qui a laissé de beaux appareils dans l’histoire de la photographie, mais aussi quelques mémorables ratés sur la fin de son existence, chahutée.

Tout d’abord, de la vraie Histoire pour comprendre le phénomène japonais.

Après une longue période (250 ans quand même !) d’isolationnisme, le Japon s’ouvre au monde extérieur sous la pression des USA et des autres pays industrialisés. Nous sommes en 1853.

Il faut attendre le jeune Empereur Mutsuhito (1868 – ère Meijii) pour voir le pays se lancer dans un développement industriel fulgurant et rattraper son retard pour ne pas se faire manger par les autres pays économiquement forts de l’époque.

L’optique, la mécanique et la chimie sont les principaux domaines dans lesquels le pays excelle (et encore aujourd’hui d’ailleurs).

Mais il faut aussi se souvenir de la particularité du Japon : c’est un archipel de quelques 4000 îles. 75% du territoire sont des montagnes. Les plaines littorales sont étroites et ces rares espaces plats favorisent la concentration des hommes et de leurs activités (phénomène de littoralisation.)

Ensuite, le pays manque cruellement de ressources naturelles, qu’il est obligé d’importer.

Enfin, le pays est soumis aux caprices de ses volcans (70 sont toujours actifs), aux typhons nombreux sur sa façade pacifique et aux tsunamis dévastateurs.

Ce petit cours de géographie pour expliquer que les industries japonaises ont souvent commencé par de petits ateliers, qui se sont regroupés parfois, se sont rachetés les uns les autres. Et puis ils se sont ouverts à l’international avec des comptoirs un peu partout, mais ça, c’est une autre histoire …

Au début donc, nous avons des ateliers de mécaniques de précision (montre, horlogerie), d’optique de précision (microscope … tiens comme Leitz et Zeiss !)

Il faudra attendre le désastre de la fin de la seconde guerre mondiale pour que l’industrie photographique commence à se développer réellement.

Ils vont mettre leurs compétences au service de la copie d’appareils allemands, dont Leica, d’abord, pour ensuite s’en émanciper et dépasser l’original bien souvent grâce à une technologie inventive et réalisée selon des standards de qualité élevés.

Ainsi, l’histoire de Yashica commence par la Kogaku Seiki Co, entreprise d’optique née en 1930. Le ministère de la défense demande, en 1941, à cette entreprise de lui fournir un appareil photo. Ce sera le Nippon, une copie assez fidèle du Leica III de 1934. L’entreprise modifie son nom en Nippon Camera Works Ltd. en 1947 et invente un nom de produit, Nicca, qu’elle donne à ses premiers appareils, le Nicca III ou Type 3.

Ces appareils vont évoluer et dépasser le Leica en fonctionnalités et agrément d’utilisation.

« Oui, mais Yashica dans tout ça ? »

J’y viens … En 1949, la Yashima Seiki Company fabrique des pièces pour horloges électriques. Puis ils ont diversifié leur production et fabriqué des pièces pour appareils photographiques.

Finalement, en 1953, Yashima lance le Pigeonflex, un TLR 6×6 qui sera vendu par Endo sous la marque Pigeon.

Rapidement, la société décide de fabriquer et vendre des appareils sous son propre nom et elle lance le Yashima Flex en 1953, rebaptisé la même année en Yashica Flex.

C’est le début d’une longue lignée, qui évoluera de manière graduelle et que l’on pourrait diviser en modèles avec bouton ou à manivelle.

Pour simplifier, disons que les boitiers équipés d’un bouton pour le réarmement et l’avance du film sont restés proches du modèle original, même s’ils ont évolué, et ils sont restés les modèles d’entrées de gamme. Tandis que ceux avec une manivelle, modèles qui commencent avec le Yashica Mat (1957 – 1980), reprendra les caractéristiques des modèles allemands haut de gamme et sera la gamme réservée aux professionnels.

Les puristes de la marque me reprocheront de ne pas inclure dans ce schéma les TLR D et 635 qui ont pu avoir des fonctionnalités parfois plus avancées, mais ce n’est pas le propos de ce billet.

« Bon, et Nicca dans cette histoire, car on avait commencé par eux ! »

Et bien en 1958, suite à de gros soucis financiers, Nicca sera racheté par Yashima, qui changera pour l’occasion son nom en Yashica Company Ltd.

C’est à partir de cet instant que commence une autre histoire passionnante, celle du Yashica 35, sur laquelle je reviendrai peut-être un jour.

Présentation du Yashica Flex S.

J’ai écris, un peu plus haut, que Yashica pouvait s’inscrire dans l’histoire de la photographie grâce à quelques appareils innovant.

Parmi ceux-ci se place le Yashica Flex S.

En effet, il sera le premier TLR au monde à être équipé d’un posemètre intégré (non couplé) à cellule au sélénium.

Pour les plus fonceurs d’entre-vous, non le « S » ne vient pas du sélénium mais de Sekonic, la marque japonaise qui fabriquait des posemètres à cellule à sélénium, celui-là même qui fut greffé sur le Yashica.

Ce n’est pas un posemètre couplé ni à l’ouverture ni à l’obturateur. Il se cache derrière une plaque perforée, celle qui porte la marque et le modèle.

Outre ce posemètre « révolutionnaire », le boitier possédait l’enroulement du film avec arrêt automatique et un compteur de vue.

Introduit en 1954, les premiers appareils seront équipés d’objectifs Tri-Lausar avant d’être remplacé par un Heliotar de 80mm ouvrant à f3,5. Il utilise un filtre dit « à baie 1 », comme sur les Rolleiflex, car il se clipse sur les deux objectifs (viseur et objectif photo). De même, les premiers exemplaires seront équipés d’un obturateur NKS-FB B qui offrait des vitesses de 1s à 1/300s et un retardateur avant d’être remplacés par un obturateur Copal aux mêmes spécificités.

Produit donc de 1954 à 1957, il y aura une succession de changements surtout esthétiques (style des supports de sangles par exemple) et parfois ergonomiques (déplacement de la prise de synchronisation du côté vers l’avant).

Revenons un moment sur cette fameuse cellule Sekonic CB-1. Elle est fixée sur la gauche de l’appareil alors que les cellules pour recueillir la lumière sont situées sous le rabat de la plaque signalétique.

Cette plaque est percée de trous et, en cas de très forte lumière, on peut la laisser en position base.

Généralement, on soulève le rabat pour exposer les cellules aux rayons lumineux et puis on lit l’indice d’exposition dans la fenêtre de la cellule, sur la gauche.

Puis il faut régler l’appareil sur la valeur donnée et la vitesse appropriée.

S’il ne faut pas de pile puisque le sélénium produit l’électricité nécessaire au fonctionnement de la cellule, il faut bien admettre qu’avec le temps la substance s’épuise et il est rare de trouver encore des cellules fonctionnelles. Ceci n’empêchant pas l’appareil de travailler parfaitement et si vous avez besoin de mesurer la lumière, munissez-vous d’une cellule moderne, au CdS par exemple ou mieux, électronique.

Sinon, comment ça marche ?

Vous visez un sujet avec l’appareil, vous soulevez la plaque protégeant les cellules en appuyant sur le discret bouton au bout de la charnière, à droite.

En lisant le chiffre indiqué par la cellule, vous le reportez sur la grille en fonction de la sensibilité Asa de votre film (de 5 à 200Asa ici) et le curseur vous indique l’ouverture et la vitesse recommandées. Pratique et simple.

Pour le reste, c’est assez classique :

  • les deux objectifs sont des Heliotar de 80mm ouvrant à f3,5

  • les vitesses se règlent avec le curseur de droite (vu en tenant l’appareil en mains), de 1s à 1/300s, plus une pause B (obturateur Copal)

  • les ouvertures se manipulent avec le curseur de gauche, de f3,5 à f22

  • par dessous, avec un point rouge au centre, un curseur permet d’armer le retardateur (toujours armer l’obturateur avant d’enclencher ce dernier)

  • un dernier bouton permet, en le faisant glisser vers le bas, d’armer l’obturateur, qu’on libère en actionnant le déclencheur, en bas à droite (toujours dans la position du photographe)

  • on déverrouille la porte arrière en faisant tourner le gros verrou en dessous

  • sur la droite de l’appareil, deux gros boutons et le compteur de vue. Le premier bouton en haut sert à faire avancer le film et, accessoirement sert de pense-bête pour la sensibilité du film, alors que le second fait avancer la platine portant les objectifs, pour la mise au point. Il y a encore une petite tirette, à côté du bouton des distances, qui sert à remettre à zéro le compteur de vue

  • par dessus, le viseur caché dans son « tunnel » : le verre dépoli est quadrillé de rouge pour mieux cerner sa composition ; la traditionnelle petite loupe permet, parait-il, d’affiner le point sur le dépoli. Pour refermer le capot, il suffit de refermer la partie avant vers l’arrière, les différents volets se replient automatiquement dans l’ordre

  • sur la partie gauche, outre la cellule, deux petits boutons servent à introduire le film dans les bobines (on peut tirer dessus pour mettre le film en place correctement)

La synchro flash est à toutes les vitesses, pour terminer.

Qu’en penser ?

A son époque (1954), le fait de proposer une cellule embarquée et un mécanisme automatique pour l’avance du film et l’incrémentation du compteur de vues c’était une grande avancée technologique.

Aujourd’hui, la cellule, même si elle fonctionne encore, ne serait pas des plus précises et surtout limitée en sensibilité (de 5 à 200Asa). Rappelons-nous qu’à l’époque les films étaient plus lents que de nos jours. Rien n’empêche d’utiliser un film plus moderne mais dès lors la cellule à main est à privilégier de toute manière.

Reste que l’avance automatique et le compteur de vues restent un confort d’utilisation toujours d’actualité.

Pour le reste, l’appareil est beau avec son style finalement très classique mais rassurant.

Pas de fioritures inutiles, que du concret pour photographier dans de bonnes conditions.

L’engin est tout en métal, d’un poids (1,770kg nu) qui assure une bonne stabilité mais qui requiert une bonne sangle pour un portage agréable, ou un bon sac. On est loin de la bakélite d’un Lubitel !

Je pourrais lui reprocher sa vitesse maximale (1/300s) mais je n’oublie pas qu’il a été pensé pour des films moins rapides que de nos jours. J’achète donc ceux-ci en conséquence ou j’acquiers des filtres en baie 1 pour compenser (ceci étant, comme je n’aime pas les maths, je prends la première solution).

Pour le reste, c’est super bien construit, les assemblages sont très bons. Notons la plaque d’appui sur le film, dans la porte arrière, pour assurer une très bonne planéité.

Ensuite les optiques sont dans la moyenne supérieure. Allez faire un tour LA pour vous en convaincre.

Donc, si vous trouvez-un au alentours de 200€, dites-vous que vous faites une superbe affaire, surtout s’il est accompagné de sa superbe gaine en cuir.

Peut-être moins connu que d’autres appareil bis-objectifs, il mérite d’être (re)découvert, il ne vous ruinera pas.

Video d’illustration.

Un peu de technique.

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

  • Taille 6×6 sur film 120

  • Corps en aluminium léger moulé sous pression

  • Objectifs Héliotar de 80mm ouvrant à f3,5 jusque f22

  • Obturateur Copal avec 9 vitesses de 1s à 1/300s plus pause B

  • Avance du film semi automatique

  • Synchronisation du flash (X)

  • Cellule Sekonic CD-1 non couplée

  • Baïonnette baie 1 et diamètre de filtre de 30mm

  • Sac tout prêt en cuir

  • Poids : environ 1,770gr

Des références.

http://camera-wiki.org/wiki/Yashica_6%C3%976_TLR_(knob_advance)#Yashica_Flex_S_.3F, https://www.thecamerasite.lauro.fi/06_TLR_Cameras/Pages/yashicaflex.htm, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Yashica_Yashimaflex/Yashicaflex#Yashicaflex_S, http://yashicatlr.com/, http://yashicatlr.com/66ModelsPage2.html (incontournable), https://yashicasailorboy.com/2021/12/02/revisiting-a-classic-yashica-flex-model-s/, https://yashicasailorboy.com/2016/02/16/yashica-flex-model-s-1954-to-1957/, en anglais ; https://fghphoto.be/blog/2017/yashica-35/, https://bromurefilm.com/fr-be/blogs/questions-generalistes-sur-la-photographie-argentique/lhistoire-dune-marque-iconique-yashica, https://www.lesnumeriques.com/appareil-photo-numerique/yashica-retour-qui-empeste-imposture-marketing-n66775.html, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-8020-Yashica_Yashica-Flex%20S.html en français

 
 
 

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