Le Voigtländer Vito CSR
- latelierdejp
- 24 déc. 2023
- 5 min de lecture
Toujours le 1er mai ’23 mais plus à Namur, à Haversin (près de Ciney) pour une seconde grand brocante (oui, oui, nous sommes en forme et les kilomètres s’enchainent).
Une longue table et une dame charmante qui m’explique, alors que je regarde plusieurs appareils exposés, que son mari se sépare d’une partie de sa collection.
Et c’est ce bel exemplaire d’un Voigtländer Vito CSR qui retient mon attention.
Si vous vous en souvenez, je vous ai déjà parlé des Voigtländer Vito, notamment lors de la présentation du Voigtländer Vitomatic IIa, qui en était un dérivé.
Pour simplifier, disons que les Vito était la gamme simplifiée destinée aux photographes amateurs, les Vitessa étaient disponibles avec une sélection élargie d’objectifs principalement fixes pour les amateurs avancés et représentaient le milieu de gamme, tandis que les Prominent étaient des télémètres destinés aux professionnels et représentaient le haut de gamme.
Il y eut aussi chez Voigtländer également une gamme d’appareils photo reflex mono-objectif, le Bessamatic/Ultramatic, mais ne compliquons pas les choses.
Ce qui caractérise ces appareils c’est de posséder un objectif fixe, d’un obturateur central et un dos qui est monté sur charnière.
Pour le reste, souvent chez Voigtländer (et Zeiss Ikon d’ailleurs), sur un même boitier on peut avoir des objectifs et des obturateurs différents, qui expliquent les différences de prix de certains modèles.
Donc, de grâce, Mesdames – Messieurs qui vendez sur les brocantes, quand vous me dites tel prix parce que c’est un Voigtländer (ou un Zeiss Ikon, logé à la même enseigne), faites au moins l’effort de vérifier l’objectif et l’obturateur pour justifier le prix affolant que vous proposez !
Voici un petit tableau récapitulatif :

Le Vito CSR que je vais vous présenter est donc le plus abouti de la gamme Vito avec un télémètre et un posemètre couplés. Le must !
Vous avez peut-être déjà découvert sur le site le Vito CLR qui était l’équivalent de celui-ci mais avec encore une cellule au sélénium. Ici, on garde les bonnes choses et on y ajoute une cellule « moderne » au CdS (pour Sulfure de Cadmium), qui demande maintenant une pile, une PX 625 au mercure aujourd’hui introuvable mais que l’on peut remplacer par une PX 625A.
Fidèle à leur manière de dénommer leur appareil chez Voigtländer, nous avons donc Vito pour la gamme, CS pour la cellule (CdS) et R pour télémètre (rangefinder). Facile non ?
Vous remarquerez que sur ce modèle, on abandonne la semelle qui s’ouvre en deux parties (comme sur le Vitomatic IIa) car il fallait bien placer la pile quelque part (le gros rond noir).
Il faut dire que cet appareil est le dernier de la série des Vito : produit de 1967 à 1971, il était aussi le plus moderne. Notamment, outre la cellule, avec le nouveau design, plus carré que les modèles précédant (et qui se rapproche aussi du Zeiss Ikon, ce qui n’est sans doute pas fortuit, Zeiss ayant racheté Voigtländer à ce moment-là).
Tout ce qui a été écris au sujet du CLR est encore valable ici, en mieux.
La cellule au sélénium est excellente mais elle risque, à terme, de s’épuiser. Ici, il faut juste changer la pile et c’est reparti. Un petit testeur de pile est situé en dessous, près du filetage du trépied. La sensibilité des films est réglable de 12 à 30 DIN (12 à 800 ASA) avec une petite tirette sur le fut de l’objectif.
Par contre, ils ont gardé le très bon obturateur Prontor 500 LK qui offre des vitesses de 1/15s à 1/500s plus une pose B et un retardateur (tirette rouge en dessous).
L’objectif est soit un Color-Skopar, soit un Color-Lanthar, un 50mm toujours, ouvrant à f2,8. Le Lanthar serait un brin moins performant, en coupant les cheveux en quatre.
Il a gardé son fabuleux viseur, très large (1:1) et lumineux dans lequel se reflète la mesure de l’exposition (vue sur le dessus de l’aiguille de la cellule et dans le viseur). Le cadre est fixe, avec correction de la parallaxe.
La fenêtre du télémètre est en forme de losange, qui se répète dans le viseur pour le « patch » de mise au point (à coïncidence).

Il gagne une griffe flash avec synchro au centre. On peut encore utiliser des flashs anciens, à lampe, avec un câble de connexion. Là, la vitesse est de 1/30s tandis qu’avec la synchro X elle est à toutes les vitesses.
Pour charger un film, il faut d’abord faire saillir la molette de rembobinage, avec la petite tirette près du viseur, puis lever le verrou pour ouvrir le dos.
La bobine réceptrice, largement fendue, permet une accroche rapide de l’amorce du film.
Même s’il est relativement compact, cet appareil est « dense » (pas loin des 700gr) et pensé pour photographier rapidement : remarquez le levier d’armement, discret mais diablement efficace.
Tout comme le système de zone focus avec une échelle de profondeur de champ sur le fut de l’objectif, si vous trouvez que le télémètre ce n’est pas assez rapide.
Tant qu’à se simplifier la vie, si vous utilisez les symboles :

Il suffit de faire coïncider les marques rouges sur le fut avec les symboles pour obtenir la meilleure profondeur de champ possible, fonction de l’ouverture choisie.


Pour les vitesses, vous pouvez aussi choisir de pré-sélectionner celle-ci en tournant la bague des vitesses jusqu’au repère en triangle : dans ce cas-là, lorsque vous appuyez sur le déclencheur, l’appareil choisit automatiquement une vitesse comprise entre 1/15s et 1/500s. Vous pouvez contrôler si l’ouverture est judicieuse en regardant dans le viseur si l’aiguille se place au milieu de la « griffe », qui bouge avec la bague des vitesses. Pratique.

Juste il faut s’habituer au déclencheur, placé en façade, sur lequel il faut exercer une légère pression, vers le bas. Attention aux vitesses lentes pour éviter les flous de bougé dus au mouvement trop appuyé.
C’est un bel appareil, bien équilibré, aux ajustements parfaits. Même le « sac tout prêt » est réfléchi pour s’ouvrir facilement (attaches en élastique pour le faire glisser vers l’avant).

C’est un appareil moins connu que les autres Vito, plus élaboré aussi mais qui eut en son temps moins de succès car les boitiers japonais raflaient tout sur leur passage, notamment les Canonet, les Yashica Electro 35 ou Lynx, les Minolta.
Pourtant, il n’a pas à rougir face à ceux-là : solide, extrêmement bien construit, il est fabriqué pour durer et donner du plaisir à qui sait s’en servir.
Le seul point noir, rare, c’est le viseur, d’un seul bloc de cristal, qui peut parfois jaunir. Il est impossible de le nettoyer, malheureusement, ce qui assombrit la visée. A moins de tomber sur un autre appareil à phagocyter, il faut s’en contenter.
Sinon, franchement, c’est un appareil à essayer, qui sort de l’ordinaire. Au niveau prix, pour un exemplaire avec son sac tout prêt et en excellent état, vous ne devriez pas dépenser plus de 40€.
Quant je vois que chez Lomography, Kodak, Fuji, Ilford, ils fabriquent des appareils en plastique, basique de chez basique et qui coutent deux fois le prix, je ne vois pas pourquoi cet appareil n’aurait pas sa chance !
Petite video d’illustration
Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.
En cas de réparation, un site bien utile : Web.archives
Des références : https://en.wikipedia.org/wiki/Voigtl%C3%A4nder_Vito, http://cjs-classic-cameras.co.uk/voigtlander/voigt.html, https://thefilmrenaissance.wordpress.com/2016/02/18/another-voigtlander-the-vito-csr-test/ en anglais ; https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-53-Voigtlander_Vito%20CSR.html, http://www.appaphot.be/fr/brands/voigtlander/voigtlander-vito-csr/ en français ; https://kameramuseum.de/objekte/voigtlaender-vito-csr/, en allemand
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