Le Pentax Spotmatic SP 2
- latelierdejp
- 15 sept. 2024
- 8 min de lecture
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Préambule.
Je vous racontais il y a peu l’histoire du Nikon F-801s acheté à Felenne, chez notre ami Francis. Et comme je le précisais, son comparse, Jean, était à deux pas.
Si vous vous en souvenez, Jean, grand photographe voyageur, m’avait vendu ses deux Pentax LX.
Cette fois, c’est son Spotmatic et un Canon PowerShot G12 que je lui ai achetés.
Et le Pentax est comme je les aime : patiné, avec des traces de vie qui sont autant de souvenirs. Toutefois, malgré son âge et ses airs de papy fatigué, il est en parfait état car il a bénéficié il y a peu d’une révision par Pentax himself, Jean Meuris étant un photographe fidèle à la marque depuis ses débuts (et il en a usé !).
Mais que je vous présente ce modèle emblématique …
Un peu d’histoire.
S’il y avait déjà des reflex dans les années cinquante, en 1958 Minolta propose le premier reflex à miroir à retour rapide, le SR-2. Il est encore basique : pas de témoin de profondeur de champ, ni viseur interchangeable mais déjà une baïonnette spécifique (la SR qui servira de base à la MC puis la MD). Il était essentiellement destiné au marché des amateurs.
Toutefois, celui qui a réellement lancé le concept, souvenez-vous, c’est le Nikon F, en 1959. C’était le premier reflex « moderne », c’est-à-dire avec un miroir à retour rapide, un pentaprisme avec contrôle de l’image, un testeur de profondeur de champ, des verres de visée interchangeables, un obturateur rapide et un boitier qui s’inscrivait dans un « système » conçu pour lui (ensemble d’accessoires, d’objectifs), une monture mythique, la F. Contrairement au Minolta, il était majoritairement destiné aux professionnels.
Cependant, époque oblige, il restait dépourvu de cellule pour mesurer la lumière et simplifier ainsi un peu la tâche du photographe. En ce qui concerne le Nikon, des prismes adaptés au fil du temps lui ont donné cette capacité à lire la lumière (les Photomatic ou prismes DP).
D’autres marques ont opté pour des cellules non couplées que l’on fixait sur l’appareil, comme sur le Minolta SR-1 (1962).
En 1960, Pentax présente à la Photokina de Cologne un prototype d’appareil utilisant une mesure spot en visant à travers l’objectif, le Spot-Matic.
Mais Pentax se rend compte que ce type de mesure sera très difficile à mettre en œuvre et à utiliser. Il modifie alors le système de mesure qui devient une mesure moyenne pondérée centrale.
Comme la modification a lieu très près du lancement de l’appareil, le nom ne sera pas changé et le boitier s’appellera donc le Spotmatic.
Pentax a ainsi choisi une autre voie : proposer un système d’analyse de la lumière situé derrière l’objectif. En 1964, c’est une première mondiale.
Le succès fut immédiat : le Spotmatic est le boitier le plus vendu de Pentax.
Le Spotmatic innove donc par sa cellule couplée intégrée au boîtier, et qui effectue la mesure de lumière directement à travers l’objectif (mesure TTL ou Through the Lens).
Une simple pile au mercure de 1,35v alimente la cellule et elle seule. Ce qui veut dire que si celle-ci est épuisée, l’appareil, tout mécanique, fonctionne toujours.
Petite remarque à ce sujet : à l’origine, c’est une pile au mercure (une Mallory RM640 de 1,35v) qui a été utilisée pour alimenter le système de mesure de la lumière ; cependant, en raison de la façon dont le circuit est conçu, des piles à l’oxyde d’argent de 1,5 V peuvent être utilisées à la place sans soucis.
Ainsi est née une légende car ce boitier a vécu une très longue carrière (30 ans), avec de subtiles modifications au fil du temps.
Pour reprendre ce fil du temps, la gamme de modèles comprend le Spotmatic (SP) original, doté d’une griffe accessoire « froide » pour le flash, qui se fixe sur l’œilleton, en option.
Pentax proposera deux modèles économiques : les SP 500 et SP 1000 dont les vitesses d’obturation sont respectivement de 1/500s et 1/1000s. Ils seront amputés du retardateur.
Un Pentax SL épaulera ces deux modèles. Lui n’est pas pourvu du posemètre intégré (quelle est son utilité dès lors ?).
D’autres modifications plus importantes seront installées sur le Spotmatic II, encore appelé SP II (1971) : le transport du film est amélioré, la cellule a été revue et la sensibilité maximale du film passe à 3200Asa (contre 1600 au début), une griffe flash est ajoutée (fixe) avec synchronisation FP ou X. Ce Spotmatic SP II annonce encore l’arrivée des objectifs Takumar SMC (Super Multi Coated) .
Ensuite, en 1971, l’Electro-Spotmatic sera le premier reflex électronique automatique à priorité ouverture. Hélas pour nous, il ne sera vendu qu’au Japon. Cependant, son succès a été suivi par l’ES qui sera vendu partout dans le monde à partir de 1972. L’ES avait des circuits standardisés et améliorés qui résolvaient les problèmes de fiabilité d’une électronique balbutiante dans la version originale.
En 1973, un ES II prendra le relais.
Toujours en 1973, le Spotmatic F rejoint la gamme. Cet appareil photo, associé à une gamme remaniée de Takumar Super Multi Coated (S-M-C), avait la capacité de mesurer la lumière sans arrêter l’objectif.
Petit résumé :

Enfin, le châssis du Pentax Spotmatic sera la base des Pentax K2, KX, KM et K1000 qui sont des modèles avec baïonnette, la fameuse K dite aussi « universelle ».
Présentation du Pentax Spotmatic SP 2.
Celui que je tiens dans les mains a parcouru l’Afghanistan, le Népal, une partie de l’Inde, entre autre. Il a bien servi et si Jean me l’a cédé c’est parce que j’en parlerai avec respect et le conserverai précieusement.
Alors commençons la visite …
Le Pentax Spotmatic SP II utilise une monture à vis, la M42. Ce qui vous autorise un vaste champ de recherches pour trouver l’objectif qui vous conviendra le mieux. Sachant toutefois que les Takumar resteront toujours ses meilleurs alliés.
L’obturateur est à plan focal, en tissu de soie recouverte de caoutchouc. Il vous offre des vitesses de 1s à 1/1000s, plus une pause B et une synchro flash au 1/60s.

Sa cellule au CdS nécessite, nous l’avons dit plus haut, une pile de 1,35v mais elle accepte sans rechigner une tension de 1,5v, celle des piles alcaline modernes. Un bon point.
Pour alimenter la cellule, il vous faudra faire un peu preuve d’imagination car la pile d’origine est introuvable et l’emplacement assez spécifique. Pour ma part, j’ai glissé une pile LR41 ou AG3 et ça fonctionne parfaitement.
C’est un appareil très simple à utiliser : vous réglez l’ouverture sur la bague ad hoc de l’objectif, la vitesse sur la molette qui est sur le dessus de l’appareil et l’aiguille de la cellule, à droite dans le viseur, vous donne une indication de l’exposition correcte lorsque vous faites bouger l’ouverture et/ou la vitesse. La mise au point se fait sur le dépoli, très fin, au centre du verre de visée.
Pour le charger d’un film, vous tirez sur la molette de rembobinage et le dos s’ouvre, dévoilant la chambre. Pas de fioritures inutiles : une bobine surdimensionnée avec une fente profonde pour y glisser l’amorce du film. Vous actionnez une fois l’armement pour vérifier que le film est bien engagé, refermez le tout et réarmez/déclenchez encore deux fois pour être à la première image. Le compteur, sur le pourtour de la couronne au dessus du levier d’armement, se remet automatiquement à zéro dès que vous ouvrez le dos.

Il vous faut maintenant régler la sensibilité du film, en soulevant la molette des vitesses pour indiquer le bon chiffre des Asa.
Pour mettre la cellule sous tension, il faut relever un bouton glissant placé en haut et à gauche de l’objectif. Ce bouton à deux positions : soit maintenu par le doigt ou bloqué en poussant à fond. En même temps ce bouton ferme le diaphragme, afin d’effectuer la mesure à l’ouverture réelle. Cet appareil est qualifié de « semi-automatique à réglages croisés », c’est à dire que vous réglez manuellement soit l’ouverture, soit la vitesse, jusqu’à ce que l’aiguille, visible sur le côté droit du viseur, coïncide avec un repère. L’exposition est alors correcte. Vous pouvez aussi choisir très facilement sur ou sous-exposer volontairement selon les conditions de prise de vue (neige, contre-jour, nuit …). Au déclenchement, le bouton de mise en route de la cellule retourne en position repos et éteint celle-ci.
Autour de la molette de rembobinage vous verrez un cadran : celui-ci est un aide mémoire pour le type de film utilisé.

Au dessus du prisme, la griffe flash porte un contact central pour les flashs électroniques. Deux prises, M et X, sont sur la face avant, pour connecter de plus anciens flashs. La synchro est au 1/60s.
Vous portez l’appareil à votre œil et visez votre sujet. La lumière de l’image est focalisée sur le dépoli à travers l’objectif (ce qui sera la même lumière que celle qui touchera le film) et elle vient frapper les capteurs au CdS. Quel que soit l’objectif utilisé, que vous ayez installé des filtres ou d’autres accessoires (tubes allonge, soufflet), l’exposition est automatique et précise.
Il vous reste à appuyer sur le déclencheur et c’est dans la boite !
Les objectifs standards étaient le Super-Takumar 50 mm f1,4 ou le 55 mm Super-Takumar f1,8 avec diaphragme entièrement automatique. L’échelle de distance va de 0,45 m à l’infini. Ils acceptent des filtres de 49 mm.
Cependant, comme je l’indiquais plus haut, il existe une foule d’objectifs compatibles en monture à viser M42. N’ayant d’ailleurs pas de Takumar sous la main j’ai monté sur mon exemplaire un objectif Cosinon 55mm f1,4. Mais vous pouvez explorer plein d’autres pistes, notamment dans les objectifs russes, pourquoi pas ?
L’appareil est lourd, tout en métal (622gr nu). Pourtant, à l’époque d’autres étaient encore plus denses (Canon Ftb par exemple). C’est super bien assemblé (la preuve, plus de 50 ans plus tard, celui-ci fonctionne comme une horloge). Prévoyez donc une bonne sangle pour le transporter confortablement.
Que penser de cet appareil ?
Franchement, je souris lorsqu’on me dit qu’avec les appareils modernes destinés aux amateurs, l’obturateur est prévu pour 100.000 déclenchements. Je ne sais pas combien de fois celui-ci à déclenché mais à voir l’usure derrière le levier d’armement, je dirais … beaucoup. Et il fonctionne encore parfaitement.
Ah, obsolescence programmée …
Bref, nous avons ici un magnifique exemple de ce qui se faisait de mieux au début des années septante : un appareil simple, facile à prendre en main et qui donne d’excellents résultats.
Le Pentax Spotmatic a bâti sa légende sur le nombre de boitier vendu et cette légende est solide.
Avec lui, pas de fioritures inutiles : à vous de jouer pour les réglages car lui s’occupe de vous donner une indication juste de la lumière, que vous devez apprivoiser.
Au niveau des prix, le marché s’est un peu calmé et vous pourrez trouver un exemplaire en bon état avec au moins un 50mm autour des 60€.
Attention, comme souvent chez Pentax, la panne la plus habituelle est celle où le miroir reste bloqué en position haute. De nombreux tutoriels expliquent comme résoudre le problème mais la meilleure manière de le faire, c’est de choisir un appareil sans soucis !
Videos d’illustration.
Un peu de technique.
Caractéristiques du Spotmatic :
viseur pentaprisme au niveau des yeux avec lentille de Fresnel
microprisme et mise au point positive de la grille
obturateur à plan focal en toile caoutchoutée
vitesses de 1s à 1/1000s plus pose B
retardateur de 10s.
compteur de vue à réinitialisation automatique
le levier d’avance du film à cliquet fait avancer le film et arme l’obturateur
contacts simple sur la griffe porte – accessoires et raccord cables flash FP et X
objectif Super-Takumar 50 mm f1.4 très rapide ou objectif Super-Takumar 55 mm f1.8 en dotation
Des références.
https://en.wikipedia.org/wiki/Pentax_Spotmatic, https://www.pentaxforums.com/camerareviews/pentax-spotmatic.html, https://casualphotophile.com/2017/10/18/pentax-spotmatic-camera-review-one-of-the-longest-lived-mechanical-cameras-ever-made/, https://photothinking.com/2021-01-01-pentax-spotmatic-sp-pentax-marks-the-spot/, https://lens-db.com/camera/asahi-pentax-spotmatic-1964/, https://www.thephoblographer.com/2017/06/30/vintage-camera-review-pentax-spotmatic-m42-screwmount/, https://www.pentaxforums.com/camerareviews/pentax-spotmatic-ii.html?src=all, https://web.archive.org/web/20110901200928/http://www.aohc.it/selart16e.htm, https://www.aohc.it/, http://www.photoethnography.com/ClassicCameras/AsahiPentaxSpotmaticSPII.html, https://whitemetal.com/pentax/spotmatic_family_traits.htm, en anglais ; https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-11134-Pentax.html, en français.
Pour les réparations, c’est par ICI (guide PDF en anglais).
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