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Le Kodamatic 980L

  • Photo du rédacteur: latelierdejp
    latelierdejp
  • 11 sept. 2024
  • 8 min de lecture

Recherches rapides : .

Préambule.

Oui, je sais, je m’étais déjà dit 100 fois « non, plus de Kodak instantané, on ne peut plus trouver de cartouche de film « . C’était sans compter sur celui-ci, qui m’a furieusement rappelé son grand concurrent, le Polaroid SX-70, lui aussi pliant.

Alors au détour d’une énième brocante, j’ai sorti 5€ de mon portefeuille pour acquérir cet appareil qui a l’air neuf, avec sa sacoche de transport doublée de velours bleu.

Mais commençons par le début ….

Un peu d’histoire.

Si vous avez lu les différents articles que j’ai pu consacrer à la marque Polaroid, vous avez déjà quelques pistes pour mieux comprendre le sort tragique qui sera celui de cet appareil.

En effet, si dès 1943, Edwin Land a l’idée géniale de son appareil instantané, c’est en 1948 qu’il présentera le premier boitier, le Polaroid 95.

A l’époque, pas de film en cassette mais en rouleau, appelé Peel-Apart : lorsque vous aviez tiré la photo, il fallait la faire sortir de l’appareil, où elle passe entre 2 rouleaux qui écrasent la chimie, placée dans une sorte de réservoir entre les deux surfaces du film (positif et négatif) et la couper avec le massicot intégré au boitier. Il faut attendre un moment pour séparer le papier du négatif et découvrir la photo qui vient d’être prise.

Initialement en sépia (film type 40), elle deviendra N/B avec le Peel-Apart (film type 41), ce film qui regroupe un négatif et un positif stockés sur 2 bobines indépendantes logées dans la corps de l’appareil. Polaroid concevra 18 types de film en rouleau de 1948 à 1992, avec encore une déclinaison de films en feuilles pour les professionnels qui utilisent des chambre au format 4×5 et 8×10.

En 1963 Polaroid développe un nouveau concept, le film pack (Pack 100), un film dans une cassette ingénieuse et terriblement simple : la boite, que l’on glisse dans l’appareil, contient 10 photos dont les ensembles négatifs/positifs/chimie sont séparés par un ressort et des languettes. Une fois la photo prise, le développement s’effectue en tirant d’abord sur la languette blanche, qui place le négatif exposé en face de la feuille positive de l’image. Puis, il faut tirer sur la languette jaune, attachée à la chimie, qui fait passer les deux feuilles et la chimie entre les rouleaux presseurs, puis à l’extérieur du boitier, en étalant la chimie entre le négatif et le positif, lançant le processus chimique. Quand celle-ci est terminée (quelques minutes suffisent), il suffit de séparer le positif du négatif pour révéler l’image finale.

C’est déjà une avancée par rapport au film en rouleau mais en 1972, Polaroid dévoile son SX-70 et un tout nouveau concept : le film Pack Intégral.

Comme pour les films Pack antérieurs, la cassette est fermée mais à la différence de l’ancien système il n’y a plus ici aucun intervention du photographe après la prise de vue. C’est l’appareil qui éjecte automatiquement la photo et le développement commence au moment où l’épreuve passe entre deux rouleaux presseurs. Ici la photo reste indissociable du support, elle reste attachée au négatif. Autre avantage : plus besoin de gérer le temps de développement et plus de déchets puisque tout reste dans la photo. La cassette propose toujours 10 photos mais en plus elle contient une pile, celle nécessaire au moteur pour l’éjection de la photo et pour l’alimentation du flash.

Les films Pack 600 ou SX-70 feront connaitre au plus grand nombre la photographie instantanée. Ils seront produit jusqu’en 2008, date de la faillite de Polaroid. Ce film sera le « standard » des images à développement instantané. Aujourd’hui encore, il reste le maître étalon auquel on compare les autres produits.

Face au statut hégémonique de Polaroid, Kodak, peu habitué à partager la manne photographique, va aussi se lancer dans la fabrication de films et d’appareils à développement instantané : les EK2 et EK8 suivi ensuite par les EK-200 et EK-300.

Pour la petite histoire, il faut savoir que dans les années soixante (1963 à 1969), Kodak a aidé Poloroid pour la fabrication des premiers films puis la firme n’a pas cru aux débouchés du procédé, et Land va créer ses propres usines.

Résultat, Polaroid va attaquer Kodak (1976) pour protéger ses brevets et après une longue bataille judiciaire de 10 ans, Kodak est condamné à verser près d’un milliard de dollars à Polaroid mais en plus, il ne peut plus construire d’appareils instantanés ni films et il doit rappeler tous les appareils vendus au moment de la sentence avec obligation de les détruire et de dédommager les acheteurs (50$/personne). Une catastrophe économique !

C’est pourquoi il est devenu impossible de trouver des films Kodak en bon état car les stocks qui étaient encore chez les particuliers (chez les professionnels, ils avaient dû retourner à l’usine pour destruction) ont fondu comme neige au soleil ou ont de facto plus de 40 ans.

Pour en revenir à Polaroid, en 2008, la faillite est prononcée et les activités cessent. Mais quelques irréductibles ingénieurs-chimistes finissent par racheter l’usine d’Enschede aux Pays-Bas et sous l’appelation « Impossible Project » relance la fabrication de quelques films, les SX-70 et les 600, les Spectra ainsi que des plans film pour chambre grand format. En 2017, nouveau changement de nom pour s’appeler « Polaroid Originals ». Les films Spectra sont abandonnés au grand dam des possesseurs de ces beaux appareils. Enfin, en 2021, elle devient Polaroid tout court.

Elle continue à développer des appareils et des films SX-70et 600, adaptés aux normes de pollution de l’Union Européenne tout en gardant le procédé apparu en …1972.

Présentation du Kodamatic 980L.

Comme je le précisais en préambule, je l’ai acheté parce que c’est aussi un appareil pliant, comme le SX-70.

Mais ce n’est pas un réflex comme son grand concurrent : il possède un beau viseur, clair, avec des cadres lumineux et des traits pour la correction de la parallaxe mais sur le côté du boitier. La vue n’est pas directe comme celle d’un réflex.

A côté de ça , il possède aussi un autofocus, un flash intégré, un réglage pour le contraste et un compteur de vues. Autre grande différence, il est alimenté par 4 piles AA. Les films Kodak ne contenaient pas de pile.

Le Kodamatic 980L sera fabriqué par Kodak en 1982 (jusqu’en 1986 par Kodak Canada), soit dix ans après le SX-70. S’il est pliant, il n’a pas le même encombrement que son rival : à côté, il parait énorme.

Il suit un Kodamatic 960, plus simple. Comme je l’écrivais plus haut, il possède un flash électronique à thyristors et non plus des flashs à lampes jetables et il gagne un autofocus, le premier et le seul de tous les instantanés made in Kodak.

Le film dédié était le Kodamatic Trimprint HS144.

Source : Instantphoto. Rect/verso de la cartouche Kodak

Bon ici il me faut faire un grand aparté pour que vous puisiez comprendre la spécificité de l’appareil.

Chez Polaroid, le film Intégral couleur a une sensibilité de l’ordre de 100Asa. Il se compose de deux éléments : le négatif et le positif. Le négatif contient des colorants métalliques, qui migreront dans le positif au cours du développement. Une capsule plate, placée sur un de côté du film, contient trois agent chimiques (solution alcaline, opacifiant, dioxyde de titane) nécessaires au développement. Ici, le négatif et le positif sont intimement liés et on ne sait pas les séparer.

L’exposition du film se fait à travers le film positif, qui et complètement transparent au moment de l’exposition. C’est la raison pour laquelle il y a un miroir dans le boitier, pour remettre l’image à l’endroit.

Ensuite, lorsque la vue est prise, le film est entrainé par le moteur et éjecté en passant à travers les deux rouleaux presseurs qui étalent les produits chimiques. La photo est quais terminée en 4 minutes.

Chez Kodak, on adopte aussi le principe d’une cassette scellée contenant les vues (10 aussi) mais le film est exposé par l’arrière du négatif pour que l’image soit vue dans le bon sens, contrairement donc au principe de Polaroid qui expose à travers le film positif. Chaque vue film comprend donc une partie arrière (là où se fait l’exposition), une zone de formation et de réception de l’image, une capsule qui contient la chimie et un « piège » pour absorber le révélateur excédentaire.

La capsule se positionne sur le bord le plus large de la marge blanche alors que le piège est sur le bord opposé. La zone de formation de l’image se trouve donc entre la capsule et le piège. Ici aussi, lorsque la photo est prise, elle passe entre deux rouleaux presseurs qui écrasent la capsule et répandant le révélateur en une couche très fine entre le négatif et le positif. Le derrière du film est en polyester (Estar) lui-même revêtu d’une couche qui rigidifie le film. L’autre face est recouverte d’une couche d’acide et de couches de retardateur. Pendant le traitement, le révélateur pénètre et développe les couches où se trouve l’émulsion, dans la zone de formation de l’image.

L’acide neutralise le révélateur alcalin étalé sur la surface exposée de la zone de formation de l’image, tandis que les couches de retardateurs contrôlent la durée de développement du film.

Quelle est la meilleure solution ? Il semble que celle de Kodak ait quelques sérieux avantages : son film instantané est moins compliqué car la couche frontale ne doit pas être transparente comme chez Polaroid ; ensuite, le réactif chimique est utilisé comme protection contre la lumière pendant le développement. Ce processus assure une résolution plus élevée car la lumière ne doit pas parcourir autant de couches pour atteindre le négatif.

Corollaire de la conception du film, les boitiers sont moins complexes et moins couteux à produire, notamment parce qu’il n’y a pas de miroir. Le chemin du film étant plus simple, on pourrait se contenter d’une simple manivelle pour étaler et éjecter le film.

Enfin, il n’y a pas de pile dans le film, ce qui abaisse son coût et évite le gaspillage d’une cartouche entamée et pas terminée (si la la pile s’épuise entre 2 utilisations).

Mais le jugement rendu par la Justice américaine, qui estime que Kodak a violé 7 brevets appartenant à Polaroid, va stopper net le développement des instantanés.

Fuji, qui se basait sur les brevets utilisés par Kodak, a évité les poursuites en trouvant un arrangement avec Polaroid pour continuer à utiliser les technologies de la photographie instantanée. En contrepartie, le géant japonais allait partager ses recherches sur l’enregistrement sur support magnétique car Polaroid envisageait la photo numérique.

Que penser de l’appareil ?

Pour en revenir à notre Kodamatic 980L, le haut de gamme des instantanés de Kodak, il est intéressant à plus d’un titre : son autofocus d’abord qui évite des mises au point parfois hasardeuses, son flash électronique qui se déclenche à chaque prise de vue, les piles embarquées, des classiques AA qui ne vous ruineront pas.

Je reste toutefois frustré de n’avoir pu trouver des informations plus complètes notamment sur le type d’autofocus utilisé car en 1982 c’était encore les débuts de cette technologie (un Honeywell, un infra rouge, …?).

Hélas, en l’état il est inutilisable. Sauf peut-être à pouvoir le « bidouiller » pour qu’il accepte d’autres types de film. D’aucun s’y sont essayés mais les résultats obtenus étaient décevant, la lentille en plastique ayant des limites très … limitées. Que ce soit en bricolant pour qu’il accepte des films Instax ou du 120, rien n’y fait.

Voilà donc un appareil destiné à la seule collection, d’autant que son aspect est quasi neuf et qu’il a un petit quelque chose de singulier, quand-même.

Un peu de technique.

  • Tout automatique, ouvertures de f11, f16, f27

  • Obturateur avec des vitesses de 1/4s – 1/150s

  • Mise au point automatique (autofocus) de 0,9 m – ∞

  • Éclair des thyristors pour le flash électronique

  • Objectif : 110 mm

Des références.

 
 
 

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