Le format 110 revient : comment ne pas dépenser trop.
- latelierdejp
- 30 août 2024
- 7 min de lecture
Recherche rapide : Préambule – Un peu d’histoire – Présentation des appareils – Qu’en penser ? – Des références
Préambule.
C’est le principe de toutes les modes : ça va et ça vient ! Et pour paraphraser Oscar Wilde « La mode est ce que l’on utilise. Cequi est démodé, c’est ce qu’utilisent les autres« .
Depuis quelques mois, nos amis de chez Lomography – qui sont encore les seuls à proposer du film en 110 ludique, soulignons-le quand même – ont relancé le format et les appareils qui emploient la petite cassette noire.
Ils avaient déjà quelques appareils, comme le Diana baby ou le Fish Eye baby. Mais ils ont lancé le Lomomatic 110, qui a fait l’objet de mon ire LA.
Non pas que l’appareil soit mauvais mais proposé à 99€, 119€ ou 159€ pour la version métal, ce n’est pas raisonnable.
En effet, les années septante et quatre-vingt ont vu pléthore de ce type d’appareil, du très sérieux au très lamentable. Les tiroirs de vos parents ou grands-parents doivent encore en abriter quelques exemplaires, dont certains sont peut-être encore dans leur emballage d’origine. Car ils étaient des cadeaux faciles et relativement peu onéreux pour les communions, les anniversaires, les réussites scolaires, par exemple.
Bref, en cherchant un peu, vous allez en trouver pour des prix qui vont varier de gratuit (merci papy et mamy) à quelques euros. Sauf si vous vous ruez sur les quelques appareils haut de gamme, car il y en eut aussi (voir les quelques articles à ce sujet sur le site).
Bref, je me suis amusé à faire l’exercice pour vous, chez Emmaüs, et j’ai trouvé trois exemples classiques de ces appareils pour … 10€ les trois ! Exercice que vous auriez pu faire en brocante, dans les vide-greniers, les magasins de seconde main.
Il s’agit d’un tout mécanique, sans cellule mais avec un « zoom », d’un second, « fix focus » mais avec cellule intégrée et automatique et le troisième avec flash électronique intégré.
En l’occurrence, je vais vous présenter les Kodak Télé – Ektra 32 (Kodak Angleterre, 1978 – 1980), Ektra 52 electronic (Kodak Allemagne, 1978-1980) et Ektra 12-EF electronic flash (Kodak Allemagne, 1980-1981).
Un peu d’histoire.
En 1963 Kodak lançait un film en cassette, le format 126, pour aider les photographes (très) amateurs qui avaient toujours la crainte de ne pas placer correctement le film dans leur appareil.
Ce fut un succès immédiat et colossal, bien que la qualité des images produites ne soit pas excellente. La simplicité des appareils et de leur mise en œuvre y compris donc le chargement de la pellicule fut la principale raison de ce succès. Presque toutes les autres marques ont dû acheter les droits d’utilisation du brevet si elles ne voulaient pas rater leur part du gâteau. Agfa a bien essayé un système concurrent, mais sans grand résultat et ils ont ensuite rejoint la bande.
Bien que les appareils qui utilisaient la cassette 126 soient généralement de petite taille, les ingénieurs de chez Kodak ont trouvé que l’on pouvait encore diminuer la taille de ceux-ci, tout en gardant une relative qualité photographique et la même simplicité d’utilisation. Ainsi est né le format 110 au début des années septante (1972).
Comme pour le film 126, le film est entièrement logé dans une cartouche en plastique. Il y a un papier de support continu et le numéro de l’image est visible à travers une fenêtre à l’arrière de la cartouche. Le film n’a pas besoin d’être rembobiné et il est très simple à charger et à décharger.
Là encore, succès immédiat et qui a entrainé les autres marques à suivre le mouvement. Non seulement pour produire des appareils en 110 mais aussi pour fabriquer les fameuses cassettes. Kodak, bien sûr, Agfa, Fujifilm, presque tous se sont lancés dans l’aventure.
Preuve du succès, si la cassette 126 fut abandonnée en 1999 (après 33 ans de bons et loyaux services), Fujifilm a arrêté la fabrication du film 110 en 2009, le dernier (après 37 ans de production).
Il faudra attendre 2012 pour que Lomography reprenne la production de films en N/B, couleur et avec des tonalités fantaisistes (voir leur magasin ICI).
On aura tout dit sur ce format : mauvaise qualité d’image, format trop petit (image de 13x17mm), agrandissement qui abîme encore l’image, appareils de piètre qualité, etc.
Remettons les choses à leur juste place : oui le format est petit mais pour tirer un 10x15cm (les photos des albums de l’époque) c’était amplement suffisant ; oui quelques appareils étaient vraiment mauvais mais les constructeurs « sérieux » (Minolta, Canon, Fuji, Rollei, etc.) ont réussi l’exploit de rendre à ce format ses lettres de noblesse en proposant des appareils performants (zoom, automatiques, avec cellule, télémétriques). Les hauts de gamme des « généralistes » tels que Kodak et Agfa sont aussi très bons et plus abordables. Personnellement, j’ai un faible pour l’Agfa 6008 par exemple.
De fait, c’est la conception de la cassette, gage de simplicité dans le chargement du film, qui est la responsable : impossible de mettre une plaque de pression pour assurer une parfaite planéité de la pellicule, quasi impossible de tirer sur celle-ci pour bien la tendre car elle ne comportait souvent qu’un seul trou pour la faire progresser et pour le « calcul » de l’avancement des vues.
Les fabricants en étaient conscients et ils ont tous plus ou moins trouvé des parades au moins efficaces.
Retenons ceci, pour conclure : si vous voulez acheter un 110 de qualité, lisez la rubrique « pockets » sur le site (oui, un peu de pub ne fait jamais de tort) mais, surtout, achetez des marques connues comme Agfa, Kodak, Hanimex, Halina, Canon, Minolta, Rollei, par exemple.
Présentation des Kodak 32 Télé-Ektra, Kodak 52 Ektra automatic et KodaK Ektra 12-EF
Commençons par celui qui a le plus petit numéro mais qui n’est pas dépourvu d’arguments, le Kodak Ektra 12-EF.
Plus long que ses deux congénères, il est aussi plus simple : un fix-focus Kodar de 23mm ouvrant à f11. Si on applique un taux de conversion de 1,85 (pour mémoire, le film fait 13x17mm soit plus ou moins la moitié d’un 24x36mm), nous obtenons un 42mm, avec une mise au point minimale à 1,2m.

Les réglages sont simples : soleil, nuage et flash, que vous réglez avec une tirette sur le dessus, près du déclencheur. En plein soleil, l’obturateur déclenche au 1/250s ; sous les nuages, plutôt 1/125s et 1/40s avec le flash.

Le viseur est simpliste : un simple carré, sans cadre ni correction de la parallaxe.

Mais, chose amusante, il est équipé d’un flash électronique (le fameux EF du nom), alimenté par deux simples piles AAA.
Le charger d’un film est enfantin : faites glisser la partie transparente et vous ouvrez la porte de la chambre, dans laquelle il suffit de poser la cartouche de 110. Vous refermez et faites glisser le « levier » d’armement qui est par dessous 3 fois et c’est prêt pour votre première balade photographique.

La principale difficulté avec ces appareils, c’est de les tenir correctement, sans mettre ses doigts devant l’objectif par exemple, et pour éviter les flous de bouger.
Kodak avait trouvé une astuce élégante : une coque qui protège l’appareil et qui se déplie pour former une poignée confortable. C’est simple mais efficace.

Passons au second, le Kodak 32 Télé-Ektra.
Comme son nom l’indique, il possède une position 22mm et une « télé » de 37mm. Si on applique le taux de conversion de 1,85, nous obtenons un 40mm et une position téléobjectif de 68mm. Le changement s’opère par le basculement d’un bloc optique devant l’obturateur (tout mécanique).
L’objectif est encore un Kodar ouvrant à f11.
Ensuite, vous pouvez régler l’ouverture selon qu’il y ait du soleil ou pas (pictogrammes soleil ou nuage). Et si la lumière fait vraiment défaut, vous pouvez placer une rampe de Flipflash ou un Kodalux 3 sur l’appareil.
Comme il est assez complet, vous voyez dans le viseur, étonnamment lumineux, les réglages que vous avez choisis. Il est aussi gravé d’un cadre très clair avec correction de la parallaxe.
La vitesse d’obturation dépend de la vitesse du film : 1/125 s à 100 Asa ou 1/250 s pour un film 400 Asa et passe à 1/40 s lorsqu’un flash est installé.
Le charger d’un film est toujours enfantin : faites glisser la partie transparente et vous ouvrez la porte de la chambre, dans laquelle il suffit de poser la cartouche de 110. Vous refermez et faites glisser le « levier » d’armement qui est par dessous 3 fois et c’est prêt pour votre première balade photographique.
Le déclencheur est assez sensible et finalement discret. Il vous suffit de regarder dans le viseur les réglages retenus : en haut, nuage ou soleil ; en bas, un bonhomme ou une montagne pour l’objectif de base et le téléobjectif.
L’appareil s’occupe de tout, c’est un automatique.
Voyons maintenant le troisième boitier, le Kodak Ektra 52 electronic.
La forme est assez semblable (il est un peu plus long que le 32), avec le capot de protection qui se mue en poignée.
L’objectif, toujours un Kodar mais de 25mm cette fois, ouvre à f9,5 (équivalant à un 46mm).
Son obturateur électronique est asservi à une cellule au CdS, alimentée par une pile 4LR44 (6v) qui se trouve dans un compartiment logé au bout du boitier (d’où le fait qu’il soit un peu plus long que le 32). Il fonctionne de 5s à 1/250s.
Le viseur est appelé « brightline » : il est fait de tirets clairs qui se rejoignent par un trait rouge lorsque l’appareil est sous tension et que la lumière est trop faible. Vous avez alors le cadre de votre photo bien visible.

Ici aussi en cas de faible lumière, l’appareil utilise un Flipflash ou un Kodalux 3.
Pour le reste, c’est identique aux deux précédents pour le chargement.
Que penser des ces appareils ?
Kodak, comme Agfa d’ailleurs, a toujours multiplié à l’envi ses références, apportant ici un flash électronique, là une cellule au CdS, ou un zoom. Mais quasi jamais ils n’ont mis toutes ces améliorations dans un seul appareil, qui serait comme un haut de gamme.
Car il faut bien avouer qu’il est un peu ridicule de devoir monter un Flipflash ou Kodalux sur le 52 et le priver d’un « zoom ».
De fait, cette tactique poussaient les consommateurs à changer de modèle pour s’approcher de ce qu’ils cherchaient vainement.
Ceci étant dit, hormis le 12-EF, les deux autres ont quelques intérêts, ne fusse que pour leurs beaux viseurs et le 52 pour sa cellule.
Si vous voulez trouver un appareil avec « zoom », une cellule CdS et un flash intégré, il va vous falloir trouver un Kodak Télé-Ektralite 600 (1980 – 1982) ou, autre must, un Pocket Instamatic 60 (1972 – 1976) qui, s’il n’a pas la poignée bien pratique, vous propose un télémètre et une cellule au CdS.
Aucun de ces appareils n’est foncièrement mauvais et ils ont fait les beaux jours de tant d’albums familiaux. Les utiliser de nos jours peut parait incongru et pourtant – en tout cas pour les plus de 20 ans – on retrouve vite les gestes pour les saisir, les régler et tirer la photo.
Car le gros avantage de ces boitiers, c’est qu’on peut vraiment les glisser dans une poche, un sac et qu’ils sont toujours prêts pour l’aventure, sans vous ruiner.
Des références.
http://camera-wiki.org/wiki/Kodak_Tele-Ektra_32, https://kodak.3106.net/index.php?p=211&cam=1067, https://kodak.3106.net/index.php?p=211&cam=1020, http://camera-wiki.org/wiki/Kodak_Ektra_52, https://collection.sciencemuseumgroup.org.uk/objects/co203454/kodak-ektra-52-camera-cartridge-camera, https://kodak.3106.net/index.php?p=211&cam=1010 en anglais ; https://www.bleckedermoor.de/fotomuseum/kodak-tele-ektra.htm, en allemand ; http://clicclac.free.fr/unappareil.php?numero=411, https://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=695 (à voir pour la chronologie des appareils Kodak et les explications complètes sur le Flipflash), en français.
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