L’Afga Optima 535 Sensor electronic.
- latelierdejp
- 8 juil. 2024
- 8 min de lecture
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Préambule.
C’est encore dans une caisse chez Emmaüs que j’ai trouvé ce petit Agfa, au milieu de Kodak Instamatic de toute sorte et d’Agfa Iso-Rapid anciens.
Accompagné d’un petit flash Osram, je l’ai trouvé sympa et je me suis dit que c’était peut-être le moment de parler de ce petit fix focus qui fit les beaux jours de tant d’albums familiaux dans les années septante et quatre-vingt.

Et il me rappelle une anecdote, contée par un ami, ancien photographe professionnel : « une de mes clientes possédait cet appareil, avec lequel elle faisait de magnifiques photos, parfaitement cadrées, équilibrées. Ravis de ces images, ses proches ont cru bon de lui offrir un reflex, gageant qu’elle ferait encore mieux. Las, elle ne pu jamais s’y habituer et elle revint sans regret à son petit compact ».
Ce n’est pas l’appareil qui fait la photographie mais l’œil de celle/celui qui l’utilise.
Un peu d’histoire.
C’est en 1959 que nait la gamme des Optima. Ce sera le premier appareil tout automatique au monde.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette gamme perdurera jusqu’en 1982, au fil des améliorations autour d’un même thème : faire un appareil simple pour que tout le monde puisse faire de bonnes photos sans complications.
Si vous avez lu les articles consacrés à l’Agfa Optima Ia et à l’Agfa Optima Parat, vous avez déjà eu une vision assez complète de l’histoire de cette gamme.
Pour les autres, je résume (très fort) : 1930, création du nom pour un appareil à soufflet qui utilise un film propriétaire qui mesure 7,5 x 10,5cm et donne 8 vues. Le hic, c’est qu’on ne peut l’utiliser que dans des appareils prévus à cet effet. Ce fut un fiasco.
Pourtant, à la fin des années cinquante, Agfa ressort le nom pour son nouvel appareil, qui utilise désormais le film classique en 24x36mm.
En 1964 sort un nouveau modèle, très inspiré du Silette Record, avant d’être remplacé à son tour en 1966 par l’Agfa Rapid qui utilise de nouveau un film sensé concurrencer la cassette 126 inventée par Kodak (1963). Une bobine appelée Rapid était susceptible d’être aussi rapide que la cassette du concurrent, mais ce fut une erreur commerciale et la mort dans l’âme, Agfa dû accepter d’acheter le brevet Kodak pour certain de ses appareils qui utiliseront le format de la cassette 126.
L’année érotique si chère à Gainsbourg voit arriver l’Agfa Optima Sensor, ceux avec le gros bouton orange au toucher si sensible. Les progrès de l’électronique feront apparaître en 1976 l’Agfa Optima Sensor Electronic. Ceux-la seront produit jusqu’en 1982.
C’est l’Agfa Optima 200 Sensor qui instaure le gros bouton orange si caractéristique de la gamme.

Source : Philcamera.
Il sera produit de 1968 à 1972. Sa particularité est d’avoir le levier d’armement à gauche, sous la semelle, et il est toujours un appareil à automatisme programmé. Une cassette à demeure dans l’appareil permet le chargement rapide d’un film, nous y reviendrons.
Finalement, en 1976, une nouvelle série commence avec les numéros 535 et 1035.
On abandonne le design un peu retro des modèles précédents pour adopter une nouvelle carrosserie d’un style beaucoup plus moderne, de nouveaux matériaux, une nouvelle électronique. De quoi relancer la gamme sérieusement.
Le modèle qui nous occupe aujourd’hui est le successeur de ce pionnier, qui apparait aussi en 1976.
Le 535 sera l’entrée de gamme, couronnée par le 1535 qui est un véritable télémétrique et offre un objectif encore plus lumineux (faudra que j’essaie d’en trouver un, un jour).
Encore un mot, au sujet du bouton orange.
Aussi anodin parait-il, il renferme de fait des astuces incroyables. Par exemple le fameux disque orange de 16mm de diamètre et toujours entouré d’une collerette en laiton chromé de moins d’un millimètre de haut qui a pour fonction de guider le doigt vers le centre du disque. Ce déclencheur a une course extrêmement courte (moins de 0,5mm) et il ne faut qu’une pression de 300gr pour déclencher. Le but de ce dispositif est d’éviter le flou de bougé.
Bientôt, tous les appareils Agfa se verront offrir ce bouton orange et il deviendra le cheval de bataille publicitaire de la marque.
Présentation de l’Optima 535 Sensor Electronic.
Sa coque noire faite de métal et plastique, avec ce grand viseur très clair et son bouton orange est typique de cette nouvelle gamme dont nous pouvons dégager les grandes lignes communes :
Un corps en métal et plastique recouvert d’une belle peinture noire granitée
Un objectif de 40 mm f/2,8 Agfa Paratronic Solitar de 4 lentilles en 3 groupes (sauf sur l’Optima 335 qui a un Agnatar ouvrant à f3,5)
Le système Sensor avec un large bouton orange pour le déclenchement
Un viseur très lumineux avec des lignes brillantes
Un dos sur charnière qui libère automatiquement la bobine de film de son axe
Un système astucieux de chargement de pellicule avec une bobine fixe
Le contrôle automatique de l’exposition avec un double œil situé au bas de l’objectif
Un bouton « R » pour rembobiner le film
Un obturateur Paratronic
Une griffe pour un flash électronique
Par rapport au 335, il propose un objectif de 40mm ouvrant à f2,8, un obturateur central qui offre des vitesses de 15s à 1/500s.
Si vous regardez bien le bas de l’objectif, vous verrez deux yeux qui sont en fait deux cellules au CdS. Une donne les informations à l’obturateur alors que la seconde fait fonctionner les deux LED qui sont dans le viseur : la rouge, vous vous en doutez, indique une vitesse inférieure au 1/30s tandis que la verte indique que vous êtes dans la plage des vitesses optimales pour les prises de vue, celles comprises entre 1/30s et 1/500s.

L’appareil est tout automatique et c’est lui qui donne l’exposition idéale avec l’ouverture adéquate. Le programme fonctionne de f2,8 au 1/30s jusque f5,6 au 1/500s mais l’ouverture peut encore varier jusqu’au f16.
Pour charger un film dans la chambre, faites coulisser le curseur qui libère le dos. Lorsque celui-ci s’ouvre, une platine avec le porte-bobine descend automatiquement, pour faciliter la mise en place du film.
Vous glissez donc votre bobine dans la chambre, refermez la platine et tirez légèrement l’amorce pour la glisser dans la fente de la bobine fixe qui est en face. Refermez l’appareil, armez et déclenchez deux ou trois fois jusqu’à ce que le compteur vous indique la première vue.
Après l’échec de la bobine Rapid, le passage à la cassette 126 du rival Kodak, Agfa a continué a chercher une solution pour que le placement d’un film soit simplifié au maximum et sûr.
Et là, ils ont trouvé : la bobine fixe va donc recevoir au fur et à mesure de vos prises de vue les photos captées. Et elle va les protéger car elle est étanche à la lumière. Ce qui veut dire que si par mégarde vous ouvriez le dos de l’appareil, seule la pellicule entre la bobine émettrice et la bobine réceptrice sera voilée ! Encore un argument pour rassurer le photographe amateur.
« Oui me direz-vous, mais en fin de film, on fait comment ? »
Et bien c’est ici qu’intervient le bouton marqué « R » : en le faisant pivoter, vous inversez le mécanisme du levier d’armement, qui devient « la manivelle de rembobinage ». Simple mais astucieux, non ? Sous la semelle, un petit indicateur vous montre si le film avance correctement.
Je vous encourage à regarder la video placée plus bas pour bien comprendre ces petites astuces utiles.
En ne nous éloignons pas trop de l’objectif, encore un mot à son sujet. Vous verrez sur son pourtour des indications d’ouvertures, que vous pouvez faire bouger grâce à u petit curseur sur la bague. De fait, ces ouvertures ne sont utiles à régler que si vous utilisez un flash, en tenant compte de la grille qui l’accompagne (distance, puissance, ouverture). Dans les autres circonstances, cette bague n’a aucune influence puisque l’appareil est automatique.
La seconde bague est celle des distances, que vous pouvez régler à l’aide de 3 pictogrammes classiques comme le portrait, un groupe, une montagne. Si vous regardez par dessous l’objectif, vous verrez que ces pictogrammes renvoient à des distances en mètres ou en pieds. Vous pouvez donc choisir le système qui vous convient le mieux. La mise au point minimale est de 90cm. L’objectif est muni d’un pas de vis pour y installer des filtres si besoin (diamètre de 49mm).

Ah, ne pas oublier de régler la sensibilité du film en faisant tourner la bague autour du verre de l’objectif. Les sensibilités vont de 25 à 400 Asa.

Que dire encore ? Il y a un pas de vis à gauche pour installer un trépied, la cellule est alimentée par 3 piles PX625A, qui sont installées dans la chambre et il y a une griffe flash synchronisée pour tous les flashs électroniques de l’époque.

Un mot enfin de cette immense fenêtre qu’est le viseur. A part sur certains vieux Voigtländer Vito et assimilés, vous ne trouverez jamais un viseur aussi large (100%) et lumineux. A l’intérieur de celui-ci, les cadres de visée, brillants, avec correction pour la parallaxe.
Vous comprendrez mieux dès lors l’anecdote que je vous narrais en préambule : avec un tel viseur vous avez tout le loisir de bien composer votre cadre et de soigner votre prise de vue. Pour le reste, l’Agfa Optima 535 Sensor Electronic fait son travail et règle tout pour vous donner entière satisfaction. C’est pas beau la vie ?
Que penser de cet appareil ?
Compact, agréable à tenir en main, bien pensé et facile d’utilisation, vous comprendrez pourquoi ce petit boitier a eu du succès.
Il se glisse dans une poche ou un petit sac et est toujours prêt à capter les sujets les plus divers. Ne lui demandez pas l’impossible mais il s’en tire très bien dans de nombreuses situations. Si vous voulez voir de quoi il est capable, je vous invite à le découvrir ICI par exemple.
Tout est-il parfait pour autant ? On pourrait regretter l’absence d’un retardateur, l’obturateur ne compte que 2 lamelles (un peu chiche pour les fanatiques du bokeh), vous ne pouvez absolument rien régler vous même sauf la sensibilité du film et l’ouverture si vous utilisez un flash, la sensibilité Asa est limitée à 400, le pas de vis pour le trépied est sur le côté.

Rien de rédhibitoire en somme. C’est un appareil qui fut offert par camions aux communiants, lors des anniversaires, pour la réussite des examens et pour Madame qui préférait ce type d’appareil au gros reflex compliqué de Monsieur (non, je ne suis pas misogyne, c’est un constat, encouragé il est vrai par la publicité faite par Agfa en ce sens).
C’est un petit appareil toujours utilisable de nos jours et qui vous donnera autant satisfaction qu’à l’époque.
Bien fini, il vous accompagnera longtemps. Et il ne vous ruinera pas : comptez 20€ pour un bel exemplaire, 35€ s’il est accompagné d’un flash fonctionnel, 40€ si vous en trouvez un avec son « sac tout prêt » préformé en plastique.
Video d’illustration.
Un peu de technique.
Appareil photo compact de type 35 mm Taille 104 mm x 68 mm x 54 mm (L x H x P) Format d’image 24 x 36 mm (L x H) Objectif Agfa Solitar, 40 mm f/2.8, simple traitement. Diaphragme automatique f/2,8 à f/16 Mise au point Pictogrammes d’échelle manuelle en haut de la bague de mise au point/échelle en mètres/pieds en bas, mise au point à 90cm – infini Vitesses d’obturation 1/30s jusque 1/500s Grand viseur direct avec marques de parallaxe pour une mise au point rapprochée Transport du film par levier manuel à simple course, également utilisé pour rembobiner le film lorsque le bouton « R » est enfoncé et tourné Vitesses de film 25 ASA à 400 ASA, sélectionnées sur une bague autour de l’objectif Flash avec contact sur la griffe, ouverture sélectionnée manuellement avec flash Douille pour trépied 1/4 po sur le côté droit qui sert également de fixation pour dragonne d’appareil photo Batterie 3 batteries V625U, repérables en ouvrant le dos de l’appareil photo
Des références.
http://camera-wiki.org/wiki/Optima_Sensor_535, https://www.hazelandeye.com/blog/2022/1/29/the-minamalists-film-camera-initial-thoughts-on-agfa-optima-535-electronic-sensor, http://ericconstantineau.com/photo/review_agfaoptima535sensor_en.html, https://www.jamescockroft.com/20171027/photography/agfa-optima-sensor-535-unboxing-and-overview/, https://www.k2-photography.dk/agfa-optima-sensor-review/ en anglais ; https://35mm-compact.com/minicompact/agfaoptima535.htm, https://www.philcameras.be/agfa-optima/, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-57-Agfa_Optima%20535.html, en français ; https://www.photo-foto.eu/agfa/agfa-optima-sensor/agfa-optima-535-sensor-electronic/, http://www.misa-photography.de/cam_agfa_optima_1535_sensor.htm, http://www.lippisches-kameramuseum.de/Agfa/Agfa_Optima_535_electronic_Sensor.htm, https://www.kamera-museum-scholz.de/agfa-kamera/optima/optima-elektronic/ en allemand.
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