Ce 16 septembre 2024 fête les 200 ans de la photographie !
- latelierdejp
- 21 sept. 2024
- 3 min de lecture
Ah, j’entends déjà le débat : « mais non, la première photographie reconnue, c’est celle de Joseph Nicéphore Niépce, « Point de vue du Gras », en 1827 ! ». Ou encore, « pas du tout, l’invention de la photographie, c’est le 7 janvier 1839, lorsque l’Etat français acquiert l’invention du daguerréotype. »
Bon, je ne vais pas vous refaire l’histoire de la photographie (quoique, ça me tente bien) mais revenons aux balbutiements.
Mais d’abord une précision : quand nous parlons de photographie, c’est bien la capture d’un sujet sur un support et la conservation de l’image par après.
Pourquoi cette mise-en garde ? Tout simplement parce qu’en 1800, l’anglais Thomas Wedgwood réussit à produire une image en noir et blanc grâce à une camera obscura et même à la fixer sur du papier et du cuir blanc enduit de nitrate d’argent, mais cette photo ne sera visible que quelques minutes, car elle n’a pu être fixée par un produit ad hoc.
Ensuite, Joseph Nicéphore Niépce, en 1816, réussit aussi à capter quelques images sur papier traité au chlorure d’argent, mais là encore, elles disparaissent rapidement.
Déçu, il va remettre cent fois sur le métier son idée et entre 1822 et 1827, il explore de nouveaux produits sensibles à la lumière et d’autres capables de les stabiliser dans le temps. Il nomme son procédé l’héliographie.
Un échange épistolaire avec son frère Claude, daté du 16 septembre 1824, atteste d’une première image captée et retenue : «je suis parvenu à obtenir un point de vue tel que je pouvais le désirer (…) l’image des objets s’y trouve représentée avec une netteté, une fidélité étonnantes, jusqu’à ses moindres détails, et avec leurs nuances les plus délicates». Hélas, cette image a à jamais disparu.
Enfin, en 1825 (ou 1827 les experts ne sont pas encore d’accord), il fixe sur un support de bitume de Judée étendu sur une plaque d’argent son célèbre « Point de vue du Gras ».
Cette héliographie – car le nom de photographie n’apparaitra qu’en 1839, grâce au scientifique britannique Sir John Herschel qui crée le substantif à partir des mots grecs phôs signifiant lumière et graphê signifiant dessin ou écriture – a nécessité plusieurs heures (on parle aussi de plusieurs jours) pour fixer cette vue de la fenêtre du scientifique à Saint-Loup-de-Varennes, en Saône. et Loire.
Cette image existe toujours, même si elle devient difficile à lire et elle est entourée de mille précautions (ce cliché de 16,2 × 20,3 cm est visible à l’Université d’Austin au Texas qui l’a reçu en don de Helmut Gernsheim, grand collectionneur d’œuvres photographiques).
Si le procédé a permis cette première capture d’image, il est long et laborieux. Afin de revoir la technique, Nièpce s’associe en 1829, à Louis Jacques Mandé Daguerre et en 1832, ils mettent au point, à partir du résidu de la distillation de l’essence de lavande, un second procédé produisant des images en une journée de temps de pose.
Hélas, en 1833 Nièpce décède. Daguerre va continuer seul les recherches et il va inventer un processus qui nécessite, pour la première fois, un « développement ». Il s’agit du daguerréotype. A savoir, une plaque d’argent qu’il expose dans une chambre noire et qu’il soumet ensuite à des vapeurs de mercure, ce qui provoque l’apparition de l’image formée pendant le temps de pose. Ce développement amplifie l’effet de lumière, ce qui permet de diminuer le temps de pose à 30 minutes. Et, surtout, ensuite, l’image est fixée par un bain d’eau saturée au sel de mer.
Il montre son invention au scientifique Louis Arago, qui est aussi député. Ce dernier soutient l’invention, qu’il présente le 7 janvier 1839 à l’Académie des Sciences à Paris. Par la suite, l’Etat français achète l’invention, contre une rente viagère annuelle de 6000 francs à Daguerre et 4000 francs à Isodore Nièpce (le neveu de l’autre). Là, l’Etat français fait ensuite une chose extraordinaire car il fait « don au monde » de l’invention.
Voilà pourquoi on retient la date du 7 janvier 1839 comme étant celle de l’invention de la photographie.
Pourtant, un certain jour de septembre 1824, un inventeur têtu a écrit à son frère la réussite de ses travaux. Malheureusement, c’est la seule trace qui reste de cette avancée formidable pour la photographie.
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